Béziers voulait remettre les choses en place lors de ce déplacement à Carcassonne. Des paroles pour surfer sur le bon résultat de Montauban qui n’ont pas été traduites sur le terrain. La déception est immense.
Orphelin de Narbonne et Perpignan, Béziers n’a que deux rendez-vous régionaux cette saison : une double confrontation face à Carcassonne en guise de derby. Pas le plus emblématique certes, mais suffisamment mobilisateur. Surtout au lendemain du premier bonus offensif de la saison, décroché avec mention face à Montauban (27-5). Après un premier bloc poussif, le succès contre Sapiac demandait confirmation : quoi de mieux qu’un déplacement à Albert-Domec où résonne encore l’écho des chants victorieux du mois d’avril dernier (19-38) ? D’autant qu’au vue du discours de Jonathan Best durant la semaine, la partie s’annonçait engagée et l’ASBH entendait bien enfin ramener des points hors de ses bases.
LE NEANT OFFENSIF
Elle en a bien ramené : 47 dans la valise. Les Biterrois voulaient augmenter leur nombre de points au classement, ils n’ont fait qu’étoffer leur cumul de points encaissés. Chiffre alarmant : Béziers est la deuxième pire défense du championnat (161), devant Bourg-en-Bresse (215). Même Massy, qui n’a pas gagné un match encore cette saison, fait mieux ! Il fallait « mettre les mains dans le cambouis » selon le capitaine. Après 80 minutes, elles sont certainement moins sales qu’espéré. Et la machine bien enrayée n’est toujours pas prête d’être réparée. On cherche encore les potentiels prémices d’une animation offensive digne de ce nom et d’une assise défensive. En face, les Carcassonnais ont pu déployer déployer leur jeu avec une vitesse d’exécution rapide et précise que David Aucagne doit certainement envier à Christian Labit et Julien Seron.
Inexistants en attaque, les coéquipiers de Thibauld Suchier n’ont pas pesé sur une défense audoise qui n’a pas eu à forcer son talent pour contenir les rares assauts Rouge et Bleu. Béziers a même facilité le travail adverse en n’assurant pas un bon nombre de passes. Dans ces « offensives » rectilignes et sans inspiration, seul Savenaca Rawaca a tenté de rentrer ses courses pour perturber le rideau canari. Sans succès. Et que dire de la régularité de Jordan Puletua dans son inefficacité à créer de l’incertitude et à jouer à une main ? Une stérilité offensive qui s’ajoute à la constance du carton jaune pour le traditionnel plaquage dangereux. Au menu de ce vendredi soir, un coup d’épaule sur l’arrière Mc Mahon qui n’avait même pas le ballon. Une troisième biscotte en ce début de saison qui lui ouvre la porte du frigo pour Oyonnax. Passons sur la montée défensive hasardeuse de Benjamin Lapeyre sur le premier essai de l’USC ou encore le un contre un trop facilement perdu par Jérôme Porical sur une réalisation Carcassonnaise. On n’épiloguera pas non plus sur la timide réaction peu avant l’heure de jeu malgré l’essai de Jean-Baptiste Barrère.
LA TACTIQUE EN QUESTION
En revanche, la tactique adoptée interroge. A l’image de l’essai du troisième ligne, intervenu après un maul, Béziers aurait pu (aurait dû !) s’appuyer davantage sur ses avants. Face à Montauban, les Biterrois ont construit leur succès grâce leur puissance dans l’axe. Certes l’essai de pénalité encaissé en début de match n’a peut-être pas contribué à l’optimisme, mais c’est pourtant dans ce domaine que l’ASBH maîtrise son sujet. A quelques reprises (trop peu nombreuses), les avants sont parvenus à contrer leurs homologues sur les rucks. La révolte aurait dû partir de là.
D’autant que les choix dans la composition étaient annonciateurs d’un combat au près. Avec quatre troisième lignes titulaires au coup d’envoi, l’association des percutants Kelly Meafua et Tyrone Viiga, suppléés par l’explosivité de Thomas Hoarau et la hargne de Barrère sur le banc, jouer autour d’Arnaud Pic semblait plus judicieux pour se (re)mettre dans le sens de la marche. Et avec six avants pour deux trois-quarts sur le banc, la priorité ne semblait pas être donnée à un jeu de mouvement.
« Le contexte est favorable pour tester notre caractère, surtout à l’extérieur où nous avons été trop suffisants par moment », annonçait Best avant le match. Il faudra attendre Colomiers dans deux semaines pour se rejauger loin de La Méditerranée. Dans cinq jours, le défi face à Oyonnax s’annonce immense. A quitte ou double : retrouver de la confiance en tombant un cador ou entrer dans une période déjà difficile alors que le mois d’octobre n’a pas encore débuté. Les ambitions en découleront forcément. Car pour l’heure, le barrage à domicile espéré est inenvisageable avec de telles copies. Le deuxième ligne craignait que « si on répète les mêmes erreurs qu’à Mont-de-Marsan et Brive, c’est qu’on aura rien compris alors qu’on doit avancer. » Force est de constater que les actes n’ont pas suivi les paroles.
Maxime GIL