La réception des Bayonnais s’inscrivait dans la continuité d’une fin de bloc assez copieux. Sans revenir sur l’immense déception après l’échec dans les ultimes instants du côté de Provence Rugby, les Biterrois s’étaient focalisés sur l’Aviron Bayonnais en guise de rédemption. Les 5438 spectateurs présents n’auront pas été déçus, tant l’intensité fut grande avec une victoire construite sur la durée (30-13).
INVAINCUS A LA MAISON DEPUIS UNE SAISON
Les esprits étaient peut-être encore présents du côté de Maurice-David dans les premiers instants. La tension était palpable, les erreurs nombreuses dans le premier quart d’heure pour les Rouge et Bleu. Logique pour une formation encore marquée par la dernière défaite et l’obligation de rebondir. La faute également à des Ciel et Blanc consistants et à l’aise dans l’animation offensive avec un Tristan Tedder épatant. Et sur une séquence bien sentie, l’ouvreur Sud-Africain alerte au pied son centre Romain Barthélémy pour un essai imparable, venant concrétiser une domination sans partage des visiteurs (3-10). Les Biterrois restaient néanmoins en vie et s’en remettaient à ses avants particulièrement inspirés sur les ballons portés. Jérôme Porical toujours aussi précieux face aux buts (7/8 hier soir), meuble le tableau d’affichage. Pourtant les hommes de Yannick Bru poursuivent leur stratégie, en s’obstinant à jouer large-large et en envoyant les Boutaty et Koster en perce-muraille. Sans trop d’effets, puisque à la 20 ème minute, Tristan Tedder corse l’addition certes. Mais cela sera la dernière fois de la rencontre que les Bayonnais inscriront des points. Qui l’aurait cru à ce moment des débats face aux arguments proposés par les visiteurs ? Un fait du match viendra confirmer la tendance, une passe litigieuse de Bustos-Moyano sur une relance de ses 22 mètres mettra un coup de pression sur les Basques. Sur la mêlée suivante Arnaud Pic sert idéalement Thibauld Suchier qui d’un magistral crochet élimine trois défenseurs et résiste au retour des adversaires. La Méditerranée s’embrase et le soulagement qui en découle est flagrant. (16-13) à la pause pour les Rouge et Bleu, solides en conquête directe et n’ayant jamais abdiqués, la suite ne sera que la confirmation de cette embellie.
Le deuxième acte proposera une série d’attaque-défense en règle imposée par les Basques. Sans rompre, l’ASBH récolte des pénalités qui viendront perturber les desseins des Ciel et Blanc. Comment ne pas louer cette défense en ligne des Héraultais, courageux à souhait, avec cette capacité de faire reculer aussi les ambitions offensives de l’Aviron. Malgré de grandes incursions dans la moitié de terrain des Rouge et Bleu, les locaux s’en tiraient à bon compte. Et le comportement des avants Biterrois remarquables sur le jeu au sol et dans la densité furent payants. Jérôme Porical récompensera ses coéquipiers en ajustant 3 pénalités supplémentaires pour créer un écart quasi-définitif (25-13) à l’heure de jeu. Malgré une conservation de qualité et une capacité à tenir le ballon debout, les Basques furent écœurés. Tombant sur une défense exceptionnelle d’intensité, les visiteurs ne trouvèrent jamais la solution. Et sur un contre rondement mené par les Biterrois. Pierre Bérard dans la confusion ira derrière la ligne pour sceller le sort du match (30-13). Les supporters Biterrois furent rassurés de voir les siens concernés dans tous les secteurs de jeu malgré des blessures qui viendront ternir le tableau (Tyrone Viiga et Jamie Hagan y laissant une cheville sur une pelouse bien trop tendre et peu enracinée encore). L’indiscipline ayant quasiment disparue, aucun carton n’étant distribué à l’encontre des Biterrois, il n’en pouvait être autrement et l’issue ne faisait plus de doute tant collectivement avec quelques fulgurances initiées par Roméo Ballu, Savenaca Rawaca et Jordan Puletua auraient mérité un meilleur sort.
200 PLAQUAGES, UNE RÉFÉRENCE
Voilà un contenu qui viendra satisfaire les amoureux du club, avec une appréciable volonté d’avancer et des arguments rugbystiques évidents exécutés idéalement. La défense Biterroise frise la perfection avec un taux d’échec de 8 % sur plus de 200 plaquages effectués, un vrai récital ! Des attitudes sans détours pour une formation qui avait annoncé dans la semaine s’être recentrée sur l’essentiel et s’éviter une panique qui aurait pu distiller le doute dans les esprits. Cette capacité d’enchaîner les prestations abouties à domicile face des équipes réputées du championnat est un plaisir pour le puriste. La construction de ce succès fut maîtrisé à plus d’un titre car Béziers semblait serein avec une telle assise fournie par les avants déchaînés hier soir, une situation qui se répète à l’envie depuis le début de la saison. Au final, pour parvenir à créer le même climat à l’extérieur, il serait dommage que Béziers soit dans une situation périlleuse et contrainte pour s’exprimer. Car face à ses responsabilités, l’ASBH a toujours répondu présent au Stade de la Méditerranée en présentant le deuxième bilan de la compétition. Des jeunes joueurs qui confirment de sorties en sorties combiné à des garçons expérimentés qui savent les encadrer. Ces comportements d’ensemble doivent permettre à Béziers de franchir un palier malgré les difficultés rencontrées et une intersaison clairement compliquée avec des départs majeurs pas tous forcément compensés. Le staff Biterrois est à féliciter dans son ensemble pour cette remise en question permanente et une gestion du groupe qui porte ses fruits. Que manque t’il aux Héraultais pour enflammer cette saison ? Du pétillant au sein des lignes arrières encore un peu timorées, ce liant qui se construit au fur et à mesure des oppositions et une transformation du jeu qui demande une précision adéquate. Le chemin est encore long et la coupure fera le plus grand bien, mais l’ASBH doit s’emparer de son destin de façon définitive en s’appuyant sur des fondations aussi incontestables aperçues hier soir face à Bayonne.
Rémy RUGIERO