Il était promis bien des péripéties aux Rouge et Bleu. Admettons que les heures qui ont précédé le duel face à Nevers, ne donnèrent guère d’optimisme. Entre les blessés de dernière minute, la pression sur les épaules, le contexte face à des Nivernais avides d’en découdre pour se relancer dans la course à la qualification, rien n’aura épargné les Biterrois. Au courage et à l’envie, l’ASBH a répondu présent. De quoi s’offrir un suspens mérité avec un score de parité arraché dans les ultimes instants (15-15), et préparer la réception de Vannes dans 15 jours avec sérénité.
ALCHIMIE DE GROUPE
Thibauld Suchier, Jamie Hagan, Marco Pinto-Ferrer forfaits au moment de monter dans le bus ou bien dans le traditionnel captain run d’avant-match. Un changement d’hôtel à la dernière minute, trouvé au dernier moment à Bourges pour la troupe Héraultaise. Des signes agaçants à plus d’un titre, pouvant ajouter de la confusion et une perte de repères quand bien même à ce stade de la saison. L’infirmerie déjà pleine à craquer avec l’équivalent d’une formation sur le flanc (13 blessés au total), et vous aurez des Biterrois littéralement en mission à Nevers. Pour tenter de surfer sur la victoire face à Provence Rugby et prouver à ses fidèles, qu’on pouvait compter sur eux. Dans agressivité et le combat, sur les duels, les zones de rucks, rapidement les Rouge et Bleu ont démontré la consistance nécessaire pour déstabiliser des Nivernais robustes à l’impact, mais balbutiant les possessions dans la concrétisation. Confronté à une indiscipline latente sur la rencontre, Béziers écopera de trois cartons jaunes lors du premier acte. Si ceux de Jordan Puletua et Tyrone Viiga, grossiers dans l’exécution, ne souffrent d’aucune contestation, celui de Jean-Baptiste Barrère semblait sévère. Une avalanche de fautes signalées par Monsieur Praderie, très regardant sur les plaquages et les contests. Qu’importe avec abnégation, cherchant toujours à préserver le moindre mètre, Béziers vacillera sans céder. L’USON attendue sur les extérieurs avec une ligne de trois-quarts séduisante, n’est jamais parvenue à trouver la parade. (9-3) à la pause pour les locaux, l’espoir subsiste malgré des sorties de camp faiblardes et une débauche d’énergie conséquente dépensée.
Contemplant la réaction d’orgueil des Nivernais, sûrement titillés par Xavier Péméja à la pause, l’ASBH résistera avec brio. Et trouve l’avancée nécessaire sur les quelques possessions jouées. Wesley Douglas intercalé, trouvera une brèche réconfortante dans le trafic de Nevers, de quoi donner des idées pour la suite dans un contexte hostile à souhait, et un stade du Pré Fleuri plein à craquer, dans l’attente d’un coup d’éclat de ses phénomènes. Sauf qu’il n’aura jamais eu lieu, Josaia Raisuqe muselé et perdu dans ses éparpillements notamment, et bien au contraire l’ASBH distillait le doute dans les têtes locales, avec quelques combinaisons avant/trois-quarts de premier choix. Revenus à (9-9), l’espoir était de mise pour les hommes de David Gerard et David Aucagne. Que dire de la prestation des avants tout d’abord, souverains en mêlée fermée encore une fois, impériaux en touche avec 100 % de prises, dévastateurs sur les ballons portés. Trop de qualificatifs ? Jonathan Best l’avait rappelé à toutes fins utiles, sans un grand match en conquête directe, Béziers ne sera pas invité. Et laisse de facto, la possibilité aux arrières d’exprimer quelques séquences avantageuses. Victor Dreuille prendre ses responsabilités en validant le travail de toute une équipe, soudée et hermétique à chaque incursion proposée par l’USON. Revenus de l’enfer après une balle de match offerte aux Nivernais, maladroits sur une situation quasi-imparable, Béziers s’évertuait à défendre, gratter, désorganiser les offensives. Une façon de faire déjouer l’adversaire, de plomber l’ambiance un brin électrique, une maîtrise et une marque de fabrique des Héraultais malgré les éléments. Au final, un score de parité soufflé à la dernière minute, aux allures de succès dans l’investissement, les conséquences au classement et les attitudes.
BOYCOTT, TOURNER LE DOS, AUCUN MÉRITE ?
Voilà une prestation attendue et digne des capacités d’un groupe épatant quand il se retrouve au pied du mur. Face à Nevers gonflé à bloc, bénéficiant d’un effectif pléthorique, de joueurs capables de tuer un match à tout moment, le défi s’annonçait immense. Appréciable mathématiquement avant les autres rencontres disputées par la concurrence, ce match nul autorise d’autres considérations pour la fin du championnat. Une qualification ne se galvaude pas. Même à l’extérieur qu’on se le dise. Ni les mots durs, tenaces et dénués de sens en l’espace de quelques semaines doivent occulter l’ensemble d’une compétition. La défaite est constituante d’une saison, c’est le jeu et rien n’est écrit. Le groupe exprime en interne un grand désarroi face à la critique surtout quand elle n’est pas constructive. Béziers n’est encore champion du monde de rien, ne recevra très certainement pas le barrage à domicile, n’a pas la meilleure attaque du championnat. Ce n’est pas dans ces lignes que des leçons doivent être données. Mais il réside un gros cœur dans un effectif atypique, resserré, attachant. Mélange d’anciens et de jeunesse qui à l’unisson envoient des messages d’une limpidité évidente. Ils ne lâcheront rien ont-ils promis ? Peut-être l’occasion de fédérer l’environnement vers un même objectif. S’offrir des bons moments et des souvenirs. Et s’éviter des réactions insensées comme « boycott, tourner le dos, aucun mérite » entrevues çà et là, qui n’ont pas lieu d’être après deux défaites consécutives. Le public Biterrois est formidable quand le danger guette, il doit l’être plus que jamais pour porter les siens dès la réception de Vannes. Comme d’habitude et comme il sait si bien le faire..
Rémy RUGIERO