L’intensité attendue, les multiples collisions, le moindre mètre défendu avec abnégation. Ce duel était attendu dans le combat et une véritable guerre au sol fut déclarée, sur la stratégie et l’application des idées. Béziers s’est sorti d’un sacré piège face à des Bugistes pas tout à fait rodés. Un succès qui confirme l’état d’esprit irréprochable et qu’avec de l’envie on peut s’affranchir des plus beaux défis.
DES ROUGES ET DES BLEUS
Rapidement, Oyonnax démontrait des capacités de conservation, une réputation d’usage pour une formation rompue au niveau de jeu élevé et aux ambitions affichées. Les séquences interminables auront mis à contribution la ligne défensive biterroise, usuellement compacte et organisée sur l’homme. Une histoire de duels, de rigueur aussi sur les percussions reçues, multiples et variées. Peu importe, les Rouge et Bleu assurèrent pour le coup en multipliant les montées défensives, tout en rushant le moindre oyonnaxien isolé de ses partenaires. Fidèle à cette conviction, Béziers laissait passer l’orage et pouvait se projeter dans le camp adverse à coup de récupération et de ballon gratté sur des contests virulents. La lumière est venue d’une action de classe, une combinaison de fière allure. Wesley Douglas appelle le cuir, aspiré par l’espace parvient à franchir pour servir sur son intérieur Kelly Meafua à l’origine de l’action sur une passe dans le dos bien sentie. De belle facture, Béziers parvient aujourd’hui à proposer des offensives réfléchies, travaillées et dont la mise en application génèrent des situations franches comme celle-ci. Oyonnax réagit tout de même, à plusieurs reprises sans forcer un verrou biterrois intransigeant. Pénalisé outrageusement dans le dernier quart d’heure du premier acte, Béziers cède à la pause (10-12, 40 ème) sans démériter, mais en ayant aussi beaucoup subi globalement.
La pause aura donné une nouvelle impulsion, une forme de rédemption du fond de terrain avec un appétit retrouvé, mais aussi une rectification sur le jeu d’avants, un socle habituel et convaincant, qui vous confère par définition de protéger votre forteresse avec de tels éléments. Adrien Latorre corsera l’addition au pied, tenant à distance des visiteurs menaçants à souhait, mais repoussés inlassablement par des Rouge et Bleu habités par le désir de conserver l’invincibilité à Raoul-Barrière. Poursuivant leurs intentions jusqu’à les mettre en pratique, bénéficiant d’un apport du banc conséquent dans le rythme et l’avancée, l’ASBH rivalise dans tous les secteurs, de quoi bousculer les hommes de Manny Edmonds qui connaît trop bien les lieux. Savenaca Rawaca, aligné d’entrée pour montrer sa capacité offensive, mais aussi pour afficher ses progrès sur le placement, a marqué des points sur son essai (entaché d’un en-avant sur la passe de Munilla, on le souligne, c’est la réalité), et sa prestation globale. Attitudes positives, à même de mettre dans l’embarras un staff qui possède dorénavant un groupe homogène à plus d’un titre. Au final, une victoire aux forceps, digne des soirées délicieuses où la culture du combat prend tout son sens. Un plaisir pour les supporters qui n’ont des yeux que pour ses gladiateurs. La sécurité affichée sur la dernière possession témoigne d’une maturité. S’assurer la victoire face à un concurrent aux phases finales, un moindre mal.
FIABLE CONTRE LES PUISSANTS
Béziers passe en seconde position, provisoirement malgré son match en retard face à Nevers. Si de l’inquiétude pouvait naître du manque de rythme, parfois perceptible, dû à une coupure subie trop longue où gérer un groupe sur une telle durée en pleine saison n’est pas aisé. Voilà la principale satisfaction, endurer les arguments oyonnaxiens, pas une mince affaire en soit. Des progrès, mais aussi des choix douteux sur l’utilisation du ballon. Trop de séquences à proximité de la ligne furent dictées par les avants, Une confiscation parfois caricaturale quand les espaces semblaient se dessiner vers les largueurs. Pas critiquable sur les intentions, frustrant sur les opportunités gâchées qu’il conviendra de corriger avec une meilleure communication. Retenir certains gestes, des grimaces, un don de soi poussé parfois à son paroxysme pour les 23 garçons alignés et qui auront donné satisfaction sur le résultat. Le contenu est perfectible, mais les points sont dans l’escarcelle. Recevoir deux fois consécutivement est un art délicat, où la pression peut retomber invariablement. L’ASBH a parfois connu des trous d’air en pareilles circonstances, de quoi rester en éveil, conserver cette humilité qui jaillit du pré et réceptionner les Rouennais avec précision la semaine prochaine pour s’inscrire un peu plus vers les hauteurs. En guise de maturité, vous dit-on..
Rémy RUGIERO