Savenaca Rawaca et les Rouge et Bleu s’illustrent à nouveau
Le palpitant était au maximum vendredi soir du côté de Sapiac. Si d’entrée de jeu, on pouvait redouter un duel complexe après l’expulsion précoce du jeune Romain Uruty, les Biterrois n’ont jamais abdiqué. En allant chercher avec une folle envie un succès à Montauban, qui ne souffre d’aucune contestation, Béziers a propagé un frisson agréable au coup de sifflet final. La faute à un groupe qui traverse décidément bien les épreuves. Récit.
RENONCER ? PAS DANS LEUR VOCABULAIRE
Si le rétablissement s’était déjà opéré lors des semaines précédentes après un mois de Janvier difficile sur le plan comptable, ce déplacement à Sapiac qui ouvre deux voyages consécutifs, ne présentait aucune forme de pression particulière. Le job ayant été effectué face à Provence Rugby la journée d’avant, les troupes de David Aucagne pouvaient voir venir. Les joueurs ont confirmé, durant la conférence de presse au cœur de la préparation, leur volonté d’avancer ensemble. Une aubaine pour le staff qui souhaitait donner du temps à certains éléments, et d’impliquer un groupe étoffé sur certains postes. Les bases de ce duel posés, face à des Montalbanais surfant sur une dynamique de qualifiable depuis 2021, place au jeu et à son incertitude habituelle. Pour tout dire, la stupéfaction fut rapide lorsque Romain Uruty fut expulsé logiquement pour un excès d’engagement dans les airs sur son vis-à-vis Pourteau (qui aux dernières nouvelles se portait bien). Le jeune demi d’ouverture, victime de son allant, laissera ses coéquipiers durant quasiment l’intégralité de la rencontre à 14. Aucune issue ou presque mais seulement l’ASBH prouvera sur la durée qu’elle savait contourner quelques écueils. Si Montauban s’offrait deux essais presque coup sur coup portant la marque à 17-6, Karl Wilkins inscrira l’essai de la révolte pour remettre sa formation dans le sens de la marche. Mais le jeu d’occupation des Biterrois sur cette rencontre n’était pas génial, convenons-en, les banderilles proposées par Klur et consorts feront mouche à nouveau par le pilier Tailhades qui conclura au plus mauvais des moments sur la sirène 24-13. Rédhibitoire ?
L’ENVIE D’EXISTER
Le scénario du deuxième acte différera sur plusieurs aspects, tout d’abord auprès des Tarn-et-Garonnais moins précis, affrontant une adversité redoutable sur les duels. Les montées défensives furent plus régulières, la communication également. Béziers grapillait des unités au tableau d’affichage et se procurait quelques situations semant presque le doute dans les têtes locales. L’entreprise Biterroise fut récompensée inévitablement, tant l’activité fut intense sur les ballons de récupération. Nicolas Plazy plantera en force l’essai du retour tandis que l’incontournable Jérôme Bosviel trouvera le montant droit sur une tentative de pénalité. Un signe ? Assurément, ragaillardis par les événements, profitant d’une fébrilité montalbanaise incapable d’inverser la pression, les Biterrois attaquèrent sans sourciller. Quand Robert Ebershon délivra une judicieuse passe décisive à l’endroit de Jeffrey Williams, c’est toute la Biterre qui s’est exclamée de joie même si le travail n’était pas encore achevé. La démonstration d’une force collective, d’un état d’esprit aperçu régulièrement chez les Rouge et Bleu cette saison. Si Béziers a fait trembler le trio de tête dans leur antre cette saison, ce n’est peut-être pas le fait du hasard non plus.
Voilà un succès qui autorise tout d’abord un certain répit. Inutile de se mentir, tout le monde regardait le résultat de Valence-Romans, actuel 15 ème. Et c’est bien normal dans un championnat qui fonctionne par cycles et diverses dynamiques. Béziers a su casser celle de l’USM, formation qui possédait la plus longue invincibilité à domicile de la compétition. Une prestation qui marque voire une spécialité pour l’ASBH. Si tout ne fut pas parfait pour certains puristes, qu’importe vu que le déroulé fut tout simplement remarquable en pareille circonstance. Soulignons l’immense détresse de Romain Uruty, ce garçon qui adore attaquer la ligne d’avantage et prend du plaisir dans le système offensif. Il représente l’avenir du club et les critiques à son encontre sont complètement futiles, quel que soit le résultat obtenu. L’apprentissage est un long chemin qui accompagne Thibaut Bisman et ses coéquipiers, certains d’entre eux ont l’expérience nécessaire pour s’ouvrir une fin de compétition plus alléchante. Les larmes de Jonathan Best ne sont pas anodines non plus. Cette victoire, ils sont allés la chercher en puisant très loin dans leurs ressources, et par les temps qui courent, c’est bigrement appréciable.
Rémy RUGIERO