Jean-Baptiste Peyras-Loustalet, véritable révélation de cette saison 2012-2013 a pris du temps pour se confier son passé, sa saison, son avenir, mais aussi sur l’ASBH. Interview
Jean-Baptiste, dans quel état d’esprit te trouvais-tu contre Aurillac, lors de ton dernier match ?
J’étais soulagé, parce que je me suis rappelé du premier match que j’avais fait ici en arrivant [Contre Narbonne, NDLR] et ça laissait présager un avenir beaucoup plus sombre. Donc là j’étais vraiment soulagé et appaisé.
Comment as-tu vécu ta sortie lors du match contre Aurillac ?
J’étais rempli d’émotions et j’étais surtout très content de laisser ce club en ProD2.
Tu as signé depuis un bon nombre de semaines maintenant à Bordeaux. Pourtant, tu ne t’es jamais relâché dans tes performances. Était-ce pour confirmer les espoirs placés en toi ou est-ce que c’est ton tempérament de tout jouer à fond ?
Je suis comme ça. Je suis un mec entier, naturel, motivé à 100%. Je me suis pas posé de questions. J’ai tout donné pour ce club. Par respect pour les joueurs avec qui je joue je me devais d’être à 100%. Depuis que j’ai signé à Béziers, je ne pensais qu’au maintien, tous les jours et à chaque entrainement le bonheur pour se maintenir. Mon cas personnel je l’avais mis de côté. C’était le maintien à tout prix et je voulais vraiment partir avec le maintien acquis.
Comment as-tu vécu l’appel de Béziers en Novembre ? C’était une libération pour toi ?
Vu 6 mois après comme ça s’est passé, c’est sur que c’est une libération. Mais sur le moment, je partais plus dans l’inconnu. Ca me faisait peur d’arriver dans un club qui jouait le maintien en ProD2 pour ne pas descendre en Fédérale 1. Sur le moment, j’étais sceptique et j’avais peur mais après je peux confier à tout le monde : pour jouer au plus haut niveau, il faut exister que ce soit en Top14 ou en ProD2 il faut jouer pour exister. J’en suis la preuve et c’est vrai qu’avec le recul, c’est un soulagement.
Comment vivais-tu le fait de ne pas jouer à Montpellier ?
Je le vivais très mal. J’avais l’impression de servir à rien. Je dormais mal, j’ai eu des problèmes au niveau de l’anxiété, de la nervosité. J’avais de la poussée d’eczéma sur la peau mais je me souviendrais de cette expérience qui va m’aider pour la suite.
Penses-tu être arrivé au bon moment, c’est à dire après tous les changements d’entraîneurs ?
Je ne sais pas. Je suis arrivé au moment où je connaissais le duo d’entraineur surtout. Ils ont influencé sur mon choix pour venir. Je connaissais ces deux entraîneurs : j’avais joué avec Manny Edmonds pendant trois ans à Bayonne. Christophe Hamacek, je l’ai cotoyé dans les sélections jeunes du comité du Béarn, dont je suis issu. Je suis surtout venu parce que je les connaissais à eux. Après, je ne me suis pas trop posé de questions.
Quelle était l’ambiance à ton arrivée ?
Il y avait pas trop de flamme. Les mecs n’étaient pas tous mobilisés pour maintenir ce club. J’avais l’impression quand je suis arrivé que chacun faisait son boulot dans son coin et qu’on était pas tous unis par le même objectif. Mais très vite au fil des mois, on a tous adhéré à cet objectif du maintien. On s’est tous crevé (sic) pour ça. Mais au départ, il n’y avait pas trop d’unité dans le groupe.
Si Béziers avait été un peu plus haut dans la classement ou si Bordeaux ne s’était pas maintenu, aurais-tu pu revoir ta copie quant à un départ de Béziers ?
Moi je suis venu à Béziers pour jouer déjà, dans le but de me faire repérer par un club de Top14. Ça faisait 10 ans que je jouais en Top14 et mon seul but était de retrouver le Top14. Par chance, j’ai trouvé un club donc j’ai sauté sur l’occasion. Donc après, mon objectif c’était ça. Si Bordeaux était tombé, j’aurais sondé d’autre clubs. Mais si personne ne me voulait, je pense que j’aurais continué à Béziers.
Que penses-tu de Christophe Hamacek et Manny Edmonds ?
Au niveau de la complémentarité, c’est intéressant parce que Christophe Hamacek c’est plutôt le fédérateur tout feu tout flamme et Manny Edmonds est plus introverti, plus sur la réserve et il est plus sur le soucis du détail. Donc ils se complètent très bien.
Crois-tu que l’ASBH puisse devenir une bonne équipe de ProD2 dans un futur proche ?
Je pense qu’ils peuvent se stabiliser dans le ventre mou du championnat de ProD2 pendant 3 ou 4 ans avant d’être vraiment ambitieux pour jouer les barrages de ProD2. Je pense qu’ils ont vraiment les moyens de se stabiliser dans ce ventre mou pour ces 3 ou 4 années qui arrivent.
L’ASBH aura t-elle donc servi de tremplin pour toi pour une « deuxième carrière » ?
Je suis redevenu moi même en tant que joueur et en tant qu’homme. Ça m’a remis un peu de confiance et j’ai pu m’exprimer le ballon en main. Tremplin oui, ça m’a permis de reculer pour mieux sauter.
Que penses-tu du championnat de ProD2 ?
Je m’en souciais pas trop depuis 10 ans que je jouais en Top14, je regardais pas trop les résultats je l’avoue. J’ai été agréablement surpris par les joueurs, quand on voit les individualités qu’il y a dans chaque équipe. Après, ce qui est chiant (sic), c’est au niveau des affluences dans les stades, ça fait moins évènement. C’est moins l’euphorie dans les stades, c’est plus calme et c’est moins le match attendu de la semaine. Donc déçu au niveau de la ferveur autour d’un match de ProD2. J’ai trouvé les stades plus vides et calmes, c’est moins l’euphorie qu’un match de Top14. Mais j’ai été agréablement surpris par le niveau des équipes et des joueurs
As-tu été surpris par la ferveur des supporteurs Biterrois à domicile ?
Oui à Béziers, ça m’a rappelé mes années bayonnaises où j’ai passé de très bons moments où j’ai trouvé un des meilleurs publics depuis que j’ai commencé le rugby de haut niveau et je retrouvais cette ferveur et cette intensité, ce côté émotionnel que peuvent te mettre les supporteurs quand ils t’encouragent comme ça et qu’ils te soutiennent.
T’attendais-tu à autant de suivi à l’extérieur ?
C’est vrai qu’il y avait toujours des irréductibles qui étaient là, partout, à Aurillac, à Brive, à Oyonnax… J’ai été surpris positivement
As-tu un message à faire passer aux supporteurs ?
Quand on est sur le terrain, on est là pour tout donner, on est pas des tricheurs. Donc quand on fait des fois des petites bourdes ou des mauvais choix, c’est pas fait sciemment Il y a de l’intensité, de la vitesse. C’est toujours difficile de faire les bons choix, les bonnes actions. Donc, qu’ils restent là pour nous supporter et qu’à la moindre erreur d’un joueur, qu’ils ne commencent pas à essayer de juger l’action. Qu’ils restent vraiment là à nous supporter : plus il y a de la ferveur dans les tribunes, plus nous on le ressent plus on se sublime et meilleurs les résultats seront.
Comment abordes-tu ta saison en Top14 ?
J’arrive sur la pointe des pieds à Bordeaux. Je vais me lâcher comme à Béziers, je vais jouer sans arrière pensée et il me tarde les premiers matchs amicaux pour retranscrire ce que j’ai fait à Béziers, à Bordeaux. Je vais arriver tout petit, sur la pointe des pieds parce que je vais évoluer à côté de grands joueurs. Je vais me concentrer surtout sur les matchs avant de trop parler. J’aime pas trop parler avant, sans pression. Je vais arriver sur la pointe des pieds.
Maxime GIL