Aimé-Giral, théâtre d’un derby de reprise fatal aux héraultais
Derby haut en couleur, une attente folle pour un démarrage idéal dans la compétition, des formations respectives pressées d’en découdre, le tableau était alléchant hier soir à Aimé-Giral. Si l’USAP a assuré l’essentiel avec un succès (23-13), Béziers peut tout de même nourrir des regrets. Mais l’indiscipline trop présente, aura eu raison de la solidarité omniprésente des Rouge et Bleu. Insuffisant pour ramener un bonus défensif qui n’aurait pas été démérité..
MAÎTRISE, OU ES-TU ?
Dans la bouillante cathédrale catalane, pleine comme un œuf, où de nombreux biterrois avaient effectué le déplacement (d’après la police 300, d’après les syndicats plus de 600 faites vos jeux), la température montait d’un cran sur les premiers instants. Dès le coup d’envoi, un échange d’amabilités, viril mais correct, donnait le ton d’un duel qui s’annonçait épique, histoire de ne pas décevoir l’aficionado dans cette période post-féria. Dans le contenu sur les premiers instants, des charges lourdes des Usapistes, soucieux de se rassurer au plus vite, et s’approprier le destin de la rencontre. Jonathan Bousquet, le Cazoulin, trouva la mire pour dépoussiérer le tableau d’affichage en vacances depuis la trêve estivale. Suivra une nouvelle séquence des Sang et Or autour de Suchier déjà dans l’actualité. Un regroupement se forme, des bras s’interposent, mais Maxime Veau vient de l’opposé en plongeant délibérément sur un joueur au sol. La sanction tombe, la punition est définitive. Si elle peut faire enrager sur l’intentionnalité et la conséquence, ce geste n’avait pas lieu d’être. Béziers savait pertinemment qu’il ne bénéficierait d’aucune mansuétude, surtout aux yeux de la France entière du rugby rivée sur cette rencontre. Mr Hourquet n’hésitera pas, mais Mr Boyer son assesseur, semblait moins vigilant aussi sur un même geste d’un joueur catalan venu de son camp lors de la première échauffourée. Sévère ? Assurément, avec la vidéo la décision aurait été autre. Bousquet rajoutera les trois points supplémentaires dans la foulée, et après seulement 7 minutes de jeu, les ambitions des visiteurs furent réduites presque à néant.
Pourtant, le collectif biterrois reprenait ses droits. Patient sur les rucks, alternant les offensives dans le sillage d’Adrien Latorre, Béziers ne s’affolait pas. Le buteur de l’ASBH convertissait deux pénalités du meilleur effet pour revenir à la hauteur de Perpignan, des locaux plus empruntés dans leurs démarches et peut-être aussi déboussolés sur la conduite à mener avec cette longue supériorité à assumer. Les hommes de David Aucagne insistaient sur les 22 mètres de l’USAP, une touche mal négociée (le point noir de la soirée aussi), une récupération rapide vers les extérieurs et la sentence est implacable. Un essai de 90 mètres, sublime sur les transmissions, même si parfois elles furent au cordeau, c’est peu de le dire, pour une conclusion d’Eru. Aimé-Giral apprécie. D’autant qu’un peu plus tard Taumoepeau corsera l’addition en doublant la mise. 20-6 à la pause, un sentiment que tout peut craquer à la moindre relance dans le jeu courant mais il était dit que la troupe de Jonathan Best n’abdiquerait pas si facilement. Damien Chouly prié de rejoindre le banc pendant 10 minutes, Latorre manquera la pénalité juste avant les citrons qui aurait pu atténuer l’écart. Les deux équipes rejoignaient leurs vestiaires, avec on l’imagine un discours musclé du staff biterrois pour recadrer quelques errances et insuffler la confiance pour la suite des opérations. Car Béziers rivalise en terme d’opportunités, même si la précision n’est pas encore au rdv. Qu’importe, l’exclusion prématurée de Maxime Veau aura eu aussi le mérite de resserrer les rangs face à une adversité menaçante.
BASCULER DANS L’IMMÉDIAT
Le second acte démontrera cette force de caractère naissante, entrevue la saison dernière sous des temps acharnés. Appliqués sur les sorties de camp, l’avancée et les intentions furent multiples. Sur un temps de jeu imposé par les Rouge et Bleu, Jeffrey Williams, intéressant balle en main, concluait astucieusement au-dessus d’un ruck, le seul et unique essai de l’ASBH dans cette partie. 20-13 à ce moment du match, puis 23-13 après une énième pénalité catalane. La fin de la rencontre fut brouillonne, une multitude de fautes de main, de choix hasardeux et d’inspirations pas toujours idoines viendront agrémenter les ultimes minutes. Compréhensible de part et d’autre pour une reprise. Encourageant malgré tout pour les héraultais. Capables de soutenir la comparaison sur quelques conservations bien senties, bénéficiant d’un jeu d’occupation réaliste, une ligne défensive globalement de qualité, tout proches d’aller grappiller un bonus défensif, mais l’alignement ne parviendra pas à cueillir les opportunités qui se présentaient. Des regrets probables, sur la physionomie des débats et cette infériorité numérique trop lourde à porter pour espérer ramener des unités sur le plan comptable, fruit d’une débauche d’énergie pour colmater les brèches au final préjudiciable. David Aucagne fulminait au coup de sifflet final, déçu par la tournure des événements et la responsabilité de certains. Béziers a raté l’occasion de frapper un grand coup, face à des Usapistes loin d’être rodés et se méfiant jusqu’au bout d’un éventuel retour des visiteurs. Un motif de satisfaction tout de même, qu’il conviendrait de mettre en application dès vendredi prochain face à Valence-Romans. Les Rouge et Bleu n’auront déjà plus le droit à l’erreur..
Rémy RUGIERO