Wesley Douglas, auteur d’une belle inspiration sur son aile pour son premier essai de la saison
Après la coupure imposée, les affaires courantes étaient de retour pour Béziers avec cette reprise en fanfare pour la réception du seul et unique derby de la saison face aux Audois. Si les supporters n’ont pas oublié la punition lors de la visite à Albert-Domec sur la phase aller, les Rouge et Bleu avaient pour principal objectif d’assurer une dynamique positive, de contenir les ambitions des Carcassonnais légitimes pour le coup et d’entamer un bloc qui pourrait s’avérer décisif pour l’avenir.
ÉOLE, SACRÉ PERTURBATEUR
Tribunes colorées, tifos de rigueur, chambrée à la hausse, le derby Cathare attisait la curiosité. L’ASBH ayant repris son quotidien, la semaine d’entraînement validée en terme d’investissement, les voyants n’inspiraient aucune inquiétude particulière. Pas vraiment en fait, car les Audois sont perçus à l’identique ou presque comme se rapprochant des caractéristiques employées par les Héraultais cette saison. Besogneux, solidaires, capables de faire déjouer. Des arguments de poids, y compris un début d’exercice convaincant pour Christian Labit et sa formation et vous aurez in fine, une crainte voire de la méfiance pour aborder ce duel. Et par le passé, cette mise en condition a plutôt réussi aux Biterrois, comme le besoin impérieux d’être en alerte pour mieux appliquer les consignes durant la rencontre. Et d’entrée de jeu, on sentait ces possibilités dans les mains audoises, avec cette préoccupation de déplacer le ballon et comme ils avaient précisé durant les jours précédents, l’intention de venir à Béziers faire un joli match sans forme de pression particulière. L’orage passé malgré quelques errances stratégiques, et les conditions de jeu à apprivoiser avec un vent décapant dans le dos, Béziers s’employait à temporiser. Ou bien en étirant la défense menaçante des visiteurs, ou par des inspirations idoines à des moments clés. Thibault Suchier est de cette trempe, le troisième rideau délaissé, le demi d’ouverture d’un jeu au pied pour sa personne, ira en dame déflorer le score en terme d’essais. Du cousu main pour un essai estampillé la « Suche », dans le registre d’observation et de prise d’initiative, le compte était bon.
Piqués au vif, les Canaris répliquaient après quelques séquences organisées, une conservation de qualité et des brèches sur les premiers ballons. En infériorité numérique, l’ASBH cédait sur un enchaînement vers l’extérieur bien exécuté pour Benoit Jasmin à la conclusion. 13-8 à la pause sans oublier l’exclusion définitive de Bakary Meïté avant les citrons, une décision lourde de conséquences pour la suite. Thibault Suchier étant prié juste avant cet épisode de rejoindre le banc pour 10 minutes, Mr Praderie mettait un terme à un premier acte décousu, sans relief avec l’idée que l’USC malgré cette sanction, aurait tout de même le vent comme allié. Les Rouge et Bleu s’en remettaient à un exploit personnel de Wesley Douglas, avec un jeu au pied encore efficace, faisant admirer au passage de belles qualités athlétiques. Un essai salvateur, permettant d’évacuer les doutes face à une adversité consistante. Dominateurs dans le jeu au sol, maîtrisant les rucks grâce à un placement judicieux, l’ASBH poursuivait ses efforts. Jean-Baptiste Barrère viendra concrétiser un temps de jeu combinant les formes de jeu. Carcassonne abdique et les Biterrois créent l’écart (23-11). De quoi s’autoriser les désirs les plus fous pour certains, d’autant que sur le renvoi qui suit, Jonathan Best et ses partenaires trouvent l’avancée au cœur de la défense audoise. Une faute de main et quelques manquements ne permettront pas de valider la séquence. Un tournant pour l’issue du match, l’USC revigorée, retrouvant des vertus insoupçonnées. Turn-overs à leur avantage, transmissions de qualité, apport du banc significatif, et vous aurez les ingrédients d’un retour incontestable. Thomas Sauveterre ira inscrire l’essai (23-18). De quoi être soucieux, les premiers signes de fatigue apparaissant et le résultat n’étant plus sécurisé.
LES DERNIÈRES MINUTES DE L’ANGOISSE
Le rocambolesque mêlé à quelques sueurs froides, un retour inespéré redouté face à une volonté de conserver son antre inviolé, une dernière action d’envergure qui vous amène jusqu’à vos 22 mètres pour la balle de match. Scénario de dingue sur les ultimes minutes, baroud d’honneur des Carcassonnais jetant leurs dernières forces sur le pré. Au final, un cuir gratté au sol avortant les aspirations de l’USC, tuant dans l’œuf les prémices d’un exploit. Un succès précieux pour David Gerard et David Aucagne, dans la continuité des prestations entrevues depuis de nombreuses semaines. Pas les plus abouties, mais assurant l’essentiel qui reste l’objectif de tout compétiteur qu’il soit. L’ASBH s’installe un peu plus parmi les qualifiables, confirmant son statut d’outsider et de trouble-fête de la compétition. Encore performants en défense avec 92 % de plaquages réussis, marque de fabrique des Héraultais, le socle et les fondations sont solides. Pour le plus grand plaisir des aficionados, le rythme est maintenu mais un obstacle de taille va se dresser. Le déplacement à Oyonnax, hostile à plus d’un titre. Une occasion supplémentaire pour s’étalonner, apprendre encore et toujours, et se faire plaisir pour un sommet du ProD2. Et se persuader que le meilleur moyen de préparer la venue des Corréziens le vendredi suivant, étant de perpétuer cet état d’esprit qui sied si bien aux Rouge et Bleu..
Rémy RUGIERO
