L’inauguration du Stade Raoul Barrière passée, il était temps d’entrer dans le vif du sujet. Après une reprise frustrante à Perpignan, les Rouge et Bleu avaient pour mission la victoire face au promu aux damiers et manifester les prémices d’un fil directeur dans le jeu pertinent. Si le succès est dans les clous (36-20), il reste encore quelques détails dans l’organisation à peaufiner notamment sur l’aspect défensif.
FERMER LES EXTÉRIEURS
Rapidement, les visiteurs ont démontré un certain plaisir de jouer les duels au centre du terrain. Puis à passer par les largeurs pour s’octroyer des situations franches. Tout cela pour dire qu’au niveau défensif, les Biterrois n’étaient pas en place. Sur le replacement, dans la communication, trop concentrés dans les rucks ? Mais aussi, sur les face-à-face perdus, trop nombreux, Béziers n’était pas véritablement serein en ce début de rencontre. Pourtant, les desseins du match changeaient graduellement. Plus consistants sur les offensives, multipliant les temps de jeu sans pour autant casser la ligne d’avantage si recherchée, l’ASBH parvenait à ses fins. Tomas Munilla, tel un petit furet, s’immisce au travers de deux défenseurs pour soulager son équipe. Une manière de décomplexer l’ensemble et de voir venir. Adrien Latorre meublant le tableau d’affichage et démontrant ses qualités de buteur connues par ailleurs, vous aurez une première période un poil décousue. Effectivement, les Drômois ont tenté de déborder assez souvent sur les ailes avec une relative réussite. L’essai de Saili, omniprésent hier soir, viendra confirmer cette impression de légèreté visuelle. Ciblés, les ailiers Biterrois ont parfois souffert de la comparaison face à des robustes visiteurs, physiquement solides et plutôt joueurs. Béziers vire tout de même à la pause avec un honorable (19-7) dans son escarcelle, mais avec le sentiment aussi que le destin de la rencontre n’était toujours pas acté.
La suite validait ces craintes envisagées. Revigorés, Valence-Romans proposait un rugby étoffé et clairement à même d’inquiéter les locaux. Sur une action d’éclat, digne des plus jolis standards, Peleseuma crucifiait les Héraultais sur un modèle de transmissions et de placement dans ce fâcheux couloir des 5 mètres. Bis repetita en quelque sorte, de quoi bousculer les 4776 spectateurs présents et entendre les sifflets jaillir de la tribune de face. Les coéquipiers de Jonathan Best, piqués au vif, menant seulement de 4 unités à un quart de la fin des débats, ont rencentré le jeu en appliquant les bonnes vieilles méthodes utiles en pareille circonstance. S’appuyant sur une conquête de qualité, les Biterrois arrosaient la ligne visiteuse de percussions en tout genre. Kelly Meafua tonitruant sur son essai et son activité notamment. Gagner les mètres fut une nécessité pour apporter l’avancée. Ce fut chose faite, avec Jean-Baptiste Barrère après un travail au près de longue haleine, et Tyrone Viiga dans les derniers instants, suite à l’action de Thomas Zénon (auteur d’un en-avant indiscutable sur le dernier duel, c’est à signaler), pour venir chercher un éventuel bonus offensif qui aurait été cher payé sur l’ensemble de la rencontre. Au final, des déçus des deux côtés, entre les ambitions déclarées et la sanction du résultat. Qu’importe, l’essentiel est assuré.
ÉQUILIBRE À TROUVER
Béziers glane son premier succès à la maison, sur un score large, c’est factuel, mais qui ne doit pas masquer quelques détails à peaufiner. Classique, après seulement deux journées, mais on peut rappeler également qu’au coup d’envoi, seuls Yannick Arroyo, Adrien Latorre et Jeffrey Williams faisaient figure de novices sur le XV titulaire. Les garçons cités ont fait le job clairement. Juste la symbolique sur les automatismes et les repères qui pour certains n’ont pas semblé évidents. Et le réflexe finalement salutaire de passer par un jeu plus direct, dont le staff a pu constater l’efficience. Les ambitions héraultaises sont séduisantes, avec la pratique et l’expérience, nul doute que les Rouge et Bleu arriveront à leurs fins. Hier soir, c’était le promu qui reste en phase d’apprentissage. Face à un calibre plus habitué aux joutes du championnat, le niveau de jeu devra être en conséquence. Ces quelques approximations seront à corriger pour trouver les solutions adaptées, parvenir à construire la continuité et s’approprier un projet de jeu qui demande une concentration de tous les instants. C’est à ce prix que Béziers pourra exister dans ce concert plus exigeant que jamais..
Rémy RUGIERO