Wesley Douglas, symbole d’une jeunesse dorée au sein de l’ASBH
Prévenus durant la semaine de l’adversité consistante et menaçante des Brivistes, les Biterrois s’étaient préparés en conséquence afin de réceptionner les Corréziens. Conditionnés pour effectuer un match sur le petit périmètre, où le combat est roi et délaisse les approximations, l’ASBH a convaincu sur une prestation de haute intensité. Un rugby chaleureux et solidaire, basé sur un collectif encore soumis à rude épreuve. Conclu par un succès primordial pour s’affranchir de la concurrence et croire en ses rêves.
FLAGRANT DÉLIT D’AMOUR
Il faut bien commencer ainsi, car c’est la première impression qui se dégage de cette formation Rouge et Bleu aux multiples facettes qui l’a rendent si attachante. On s’explique, après avoir vaincu sur le fil les Audois et résisté admirablement face à Oyonnax, un défi de taille se présentait à nouveau sur la route des Héraultais. Un challenge à la hauteur de la gourmandise affichée par l’ASBH depuis le début de l’hiver et de probants résultats glanés à domicile comme à l’extérieur. En rugby, l’amitié, la camaraderie doit encore avoir sa place dans un monde professionnel trop aseptisé aux yeux de certains. Aux entraînements, sur les lieux de vie, durant les rencontres et les obligations d’usage, toujours la même rengaine. Pas de paroles en l’air, des actes. Dans la difficulté, ce groupe s’est soudé une fois de plus malgré la perte d’éléments importants au sein du pack Biterrois. On pense forcément à Jean-Baptiste Barrère et Carl Vuillecard, malheureuses victimes supplémentaires d’une infirmerie qui ne désemplit guère. Sous pression, Béziers a effectué sa meilleure première période de l’année. Dans le contenu, sur les duels, dans l’adaptation à l’adversaire et le repli défensif. Avec le chiffre hallucinant d’une seule faute concédée durant ce premier acte (trois au total tout aussi éloquent), signe d’une équipe concentrée sur son objectif et valeureuse sur ses fondations. Car se groupe se construit patiemment, sans stars comme il aime si bien nous le rappeler, à juste titre d’ailleurs.
Les essais de la filière anglo-saxone cristalisée par Karl Wilkins et Wesley Douglas donnèrent le ton d’une ambition palpable. Une envie d’en découdre face à un CAB redoutable en contre et capable de renverser la situation à tout moment. La marque des grands dont la comparaison aurait pu faire vaciller dans le doute les Héraultais. Ce ne fut jamais le cas, tant l’ASBH a démontré de l’épaisseur dans les registres habituels qu’elle maîtrise. La ligne défensive globalement en place (la 4 ème de la compétition) permettant d’avoir l’assise nécessaire, et d’être pertinent sur le jeu au sol. Des arguments de poids pour se défaire de l’emprise Briviste, surprise par autant d’abnégation proposée. Taillés pour aller au charbon, les avants Rouge et Bleu furent admirables en premier lieu. Un sans-faute en touche pour débuter, ponctué de deux prises sur lancer adverse, audacieux dans le replacement qu’il soit offensif ou défensif, opportunités sur les turn-overs récupérés et la transformation du jeu. Que dire également du secteur de la mêlée fermée, redouté par la concurrence qui cite sans vergogne cette phase de jeu comme parmi les meilleures du championnat. Qu’il est le loin le temps où Béziers se faisait parfois humilier dans cet affrontement, où les supporters craignaient toujours la reculade. Avec travail et patience, le talent compris, le résultat est épatant et prouve que les hommes en place sont dans le vrai.
MAUDITES BLESSURES
Résistants au retour programmé des Brivistes, vexés et plus entreprenants dans la partie, les Biterrois malgré quelques opportunités laissées en route seront récompensés d’une victoire supplémentaire. Stuart Olding et ses partenaires repartiront à vide du déplacement à la Méditerranée, balayés dans leurs certitudes autant que les travées garnies par les 5100 fidèles et bruyants supporters. Le constat lucide et inévitable que l’étau se resserre sur une partie de l’effectif du club, notamment en troisième ligne où les défections constatées se rajoutent aux indisponibilités de Viiga, Massot et Meafua. A ce rythme, ça ressemble à une hécatombe. Et ainsi souligner le travail de l’association accompagnée du centre de formation, qui déniche par détection et un long apprentissage au quotidien avec les éducateurs, l’avenir de l’ASBH. Des noms encore inconnus il y a quelques mois, incontournables aujourd’hui. La force d’un staff soudé, compétent et qui est parvenu à rendre ses lettres de noblesse en confiant un statut régulier et performant sur la durée. Les Rouge et Bleu ont franchi un palier supplémentaire vendredi soir. La pause sera bénéfique, elle permettra de recharger les batteries et de rentrer des joueurs importants. Avec une rotation de vigueur, instaurée à bon escient, Béziers doit se préparer à un prochain bloc qui pourrait esquisser les contours du final. L’ASBH poursuit sa progression, avec passion et détermination, sans se soucier des embûches, armée d’une conviction épatante..
Rémy RUGIERO