Bousculés, acculés, maladroits. Puis vigoureux, toniques et sublimés, les Héraultais seront passés par tous les états pour se défaire de Vannetais coriaces à souhait. Après 50 minutes de jeu, menés (6-18) les Rouge et Bleu furent proche de céder face à l’emprise des Bretons, remarquables dans les lancements et sur la pertinence affichée. Pourtant, l’ASBH a puisé dans ses ressources pour glaner un succès prestigieux (27-23) en démontrant que ses avants représentait sa principale force. Une rengaine depuis le début de la saison.
LE SOUVENIR BIARROT
Adossé au vent lors du premier acte, Béziers affichait un visage audacieux dans les premières minutes. Présents au sol, balayant les ailes par un jeu d’occupation efficace, les locaux s’installèrent aisément dans le camp du RCV sans sourciller. Une aubaine pour un buteur de la trempe de Jérôme Porical, qui meubla le score à longue distance (6-0, 15 ème). Avec un soupçon de réussite supplémentaire (tir au but sur la transversale), les Biterrois auraient pu asseoir au tableau d’affichage une domination d’ensemble. Sans excès de précipitation sur une action vers les extérieurs initié par Jean-Baptiste Barrère, Béziers ne parvenait pas à créer un écart. Faute à des Vannetais omniprésents dans les duels, organisés à merveille sur la profondeur. Et confiants dans leur rugby. En comparaison à un jeu d’arrières de l’ASBH trop fébrile pour apporter l’avancée, subissant également à l’impact à chaque initiative adverse. Un constat déjà éludé à maintes reprises qui ne saurait être inversé à ce moment de la saison. Qu’importe, le cours du match est à l’avantage des Bretons, consciencieux sur leurs possessions, et réalistes sur les opportunités. L’aile gauche délaissée par Benjamin Lapeyre sorti sur carton jaune (qui sera suspendu par ailleurs à Bourg-en-Bresse), les visiteurs enfoncent le clou par l’inévitable Bouthier. Hilsenbeck claquera un drop avant la pause (6-13) pour le RCV sans crier au scandale.
Impression confirmée à la reprise, sonnés les Héraultais subirent les impacts. Peu inspirés sur le replacement défensif, Chalmers profitera d’une passe au pied pour récompenser les siens (6-18). Un stade de la Méditerranée médusé et qui revoyait se profilait le scénario de Biarritz à la maison. Et les maux à la tête qu’il convient d’y rajouter. Vannes aurait pu tuer le match sans un manque de précision à un moment clé. Mais les Biterrois ont prouvé à de multiples reprises leur état d’esprit. Cette capacité à renverser des situations mal embarquées. Une marque de fabrique à vous donner le tournis, dont le staff n’y trouve encore aucune explication dans ces soubresauts. Tyrone Viiga se frayant un chemin dans le couloir des 5 mètres, concassant le moindre joueur sur son passage, le troisième ligne servira Arnaud Pic pour l’essai de la rédemption (13-18, 60 ème). Un sursaut salutaire, des attitudes positives et un jeu recentré enfin dans l’axe, le seul qui permet d’exister parmi la concurrence. Après un ballon porté d’école et des avants décidés à confisquer le cuir, Thomas Hoarau ira en terre promise pour faire chavirer tout un public de bonheur (20-18, 64 ème). Compilant les bonnes prestations en conquête directe (touche impeccable, mêlée stabilisée, défense retrouvée), l’ASBH s’offrira un essai de pénalité après un énième maul dévastateur. Rugissement dans les travées, le jeu d’avant est culturel à Béziers plus qu’ailleurs. Et cette force dégagée mise en exergue est apparue payante. Malgré une déconcentration fâcheuse sur le renvoi suivant, Vannes s’offrait même une balle de match. En vain, les Biterrois ont tenu la ligne, le soulagement et le devoir accompli de mise.
CONFISQUER LE CUIR
Les bilans seront bientôt tirés, les statistiques définitives viendront étayer les explications et fournir un regard sur la saison. Sans trop s’avancer, l’ASBH éprouve les pires difficultés à construire un jeu. Un lien entre avant et trois-quart sans continuité. Entre des gros performants chaque week-end et des gazelles en manque cruel de confiance. Comme une scission entre ces blocs, à la recherche d’une formule adéquate. Béziers a gagné ses rencontres la plupart du temps à l’envie, en allant chercher des réserves et une force de caractère. En s’appuyant sur des avants chasseurs, mobiles et percutants malgré un déficit physique incontestable. Le constat était visible face à la robustesse des Vannetais à certains postes. Les Biterrois compensent, c’est indéniable. Ils ont trouvé de multiples parades pour s’inviter parmi les qualifiables. La prise de conscience réside dans les faits, le collectif prime et cette équipe ne s’échappe pas. Des qualités louables, mais qui dans le futur ne pourront être suffisantes. Avec 12 unités de retard, personne n’en menait large et la défaite semblait inéluctable face à une adversité talentueuse. Dimanche prochain face à des Bressans, qui possèdent une réelle chance de maintien en cas de succès bonifié, se faire plaisir avec des passes impossibles ou jouer les extérieurs par habitude serait osé. Confisquer le ballon face à des Bressans survoltés à Verchère, un préalable à une potentielle place parmi les 6 premiers. Mais avant d’envisager la suite, il est toujours savoureux d’observer que les Rouge et Bleu n’ont pas galvaudé leur réputation. Celle d’un jeu d’avant de haute tenue, qui pourrait les emmener vers d’autres plaisirs retrouvés l’exercice précédent..
Rémy RUGIERO