Qu’il était loin ce sentiment, oublié depuis trop longtemps, enfoui dans les souvenirs des supporters. Hier soir, Béziers a récité son rugby. Ultra-dominateurs chez les avants, inspirés avec justesse chez les trois-quarts, la partition était synchronisée pour offrir un spectacle de qualité. Le Stade Montois aura fait les frais de la colère Rouge et Bleu.
CONVICTION DE RIGUEUR
On évoquait souvent dans ces lignes, à plusieurs reprises d’ailleurs, ce manque d’appétit constaté auprès des joueurs. Une attitude qui avait le don d’agacer le staff biterrois, exhortant ses troupes à tenter les coups, faire la passe supplémentaire, et tout simplement croire en leurs capacités. Rapidement, le ton était donné. La pression exercée par les avants héraultais fut consistante. Armés collectivement, les biterrois ont concassé plus que jamais leurs adversaires. Alignement au diapason, mêlée fermée explosive, duels gagnés, tout était réuni pour acculer les montois dans leurs derniers retranchements. La première période fut un modèle du genre. Dorian Marco-Pena, Uwa Tawalo et Karl Wilkins viendront concrétiser ce travail d’usure au près. Un cinglant (29-3) à la pause, un délice pour les amoureux de la conquête directe, qui colle tellement avec la culture du coin. N’imaginez pas que les lignes arrières en soient réduites à la portion congrue. L’animation fut claire, la charnière variant à souhait les prérogatives du vestiaire. Non, les supporters présents à Raoul-Barrière ont été convaincu par les intentions affichées, et que ce vendredi soir, leurs protégés ne s’autoriseraient aucun coupable relâchement.
Le retour des vestiaires ne sera que la confirmation entrevue auparavant. Les Rouge et Bleu tenaient enfin leur match de référence. Revigorés par leur réussite, appliqués défensivement à l’impact, l’ASBH laissait passer le timide orage offert par les Landais. Kelly Meafua, remuant comme pas possible, ira de sa double réalisation en force. Béziers passait la vitesse supérieure, les gazelles prenant le relais avec un certain talent. Roméo, longtemps disparu des radars, s’offrira un doublé pour parachever un tableau d’affichage détonnant (55-17). Huit essais, un public ravi, un schéma de jeu pertinent qui ne laissait aucun doute sur la suite des opérations. L’ASBH a confirmé les prémices observées à Oyonnax. Décomplexés, répondant enfin à l’appel du large et des espaces, les Rouge et Bleu auront grandement fait plaisir à leurs suiveurs, sevrés de contenu et pour certains ayant délaissé les sièges de l’antre biterrois. Un marqueur important en cette fin de saison, où si désormais il ne convient plus de regarder derrière le rétroviseur, les troupes de David Aucagne peuvent s’offrir un sprint sympathique en guise de trouble-fête.
TURNOVER, LE MAÎTRE-MOT
Malgré de nombreux changements opérés depuis la pâle copie rendue face à Aurillac il y a peu, on sent à vue d’œil cette émulation naissante, cette envie retrouvée, ce constat qu’en équipe, Béziers parvient à rivaliser. La clé du succès réside dans ces explications d’usage, la confirmation sera attendue. Le prochain déplacement à Valence-Romans sera témoin ou non d’une prise de conscience. Les biterrois ont les moyens d’aller chercher une victoire, d’enclencher une dynamique certaine pour conclure un bloc qui pourrait être au final surprenant. Cette régularité si difficile à mettre en place, les joueurs doivent se l’approprier. La joie exprimée sur le terrain traduisait aussi une forme de répit. Les garçons n’ont pas triché, comme d’habitude. L’histoire ne demande qu’à être impertinente. La fin de l’exercice approchant, il y aura aussi la question des moyens à mettre à disposition du sportif pour la prochaine échéance. Les prolongations tardent, le recrutement reste discret malgré quelques noms couchés. Les coulisses sont toujours aussi actives dans cette période de l’année. Peut-être plus qu’à l’accoutumée d’ailleurs. Béziers doit se remettre à l’endroit, sur tous les terrains, et Raoul-Barrière pourra s’extasier à nouveau de dénouements aussi heureux qu’hier soir face aux montois..
Rémy RUGIERO