Morad Touizni et ses coéquipiers victorieux face à Mont-de-Marsan (28-18)
Les Biterrois sont encore parvenus à vaincre l’une des formations les plus huppées de la compétition en l’occurrence, le Stade Montois toujours aussi solidement installé sur le podium du ProD2. Une bonne habitude prise par les Rouge et Bleu depuis quelques semaines, fruit de certitudes en adéquation avec l’objectif avoué : la course à la qualification. Le succès de l’ASBH face aux Landais (28-18), confirme une tendance qui se dégage aisément des esprits. Béziers est pétri de qualités aussi complémentaires qu’avantageuses, à la seule condition que le collectif s’imprègne de cette mission. Le résultat est du coup savoureux et les perspectives d’une fin de saison avec un scénario haletant n’a jamais semblé aussi véridique pour les hommes de David Gerard et David Aucagne. Épilogue d’une séduisante rencontre.
FONDAMENTAUX SOLIDES
Face à des Montois ayant effectué le job face à Colomiers la semaine dernière, certains esprits chagrins dénotant un large turn-over de circonstance en prévision du derby Landais vendredi prochain, les Biterrois se voyaient proposer un sacré menu au programme. La meilleure défense du championnat s’était déplacée dans l’optique de poursuivre son excellent parcours, et s’étalonner face à une formation devenue ambitieuse et avide d’en découdre. Soyons clairs, le jeu proposé fut très offensif, les conditions climatiques idéales malgré un vent balayant la Méditerranée, la recherche systématique des extérieurs et les zones d’évitement privilégiées. Au score, si les Biterrois dépoussiéraient le tableau d’affichage par Thibauld Suchier (3-0, 3′), les visiteurs vifs dans la récupération et les transmissions de qualité finirent par répliquer. L’essai de Ropate Ratu viendra ôter aux dernières réticences, que les Landais n’étaient pas venus en simples sparring-partner (3-7, 6′). Réaction immédiate pour ne pas dire virale des avants Héraultais. Un ballon porté magistral est organisé sur lequel Marco Pinto-Ferrer est propulsé derrière la ligne, le match était définitivement lancé (8-7, 9′). Le rythme était soutenu et la domination de l’ASBH tangible. Jérôme Porical après un parfait relais de Jean-Baptiste Barrère, slalomera dans une défense Montoise médusée et permettra aux locaux de s’échapper au score, la Méditerranée exulte (18-10, 23′). Un premier acte qui démontrera l’excellent travail au sol des Biterrois récupérant un nombre intéressant de possibilités. Mr Thierry Mallet renvoie tout le monde aux vestiaires après que Thibauld Suchier pris le temps d’ajuster le premier drop de la saison (21-13, 40′).
Patients, méthodiques, campés sur les fondamentaux et sécurisant les initiatives, Béziers reviendra des vestiaires avec d’autres ambitions adossés cette fois-ci avec le vent derrière la tunique. Si les sorties de camp et le jeu d’occupation ne fut pas une priorité du moment, force est de constater que les intervalles sont plus nombreuses et les attitudes positives. Butant sur un rideau défensif plutôt hargneux et dur sur l’homme, les Héraultais choisirent les largeurs. Après un travail dans l’axe le plus souvent efficient, les arrières Biterrois sollicités à maintes reprises s’en donnaient à cœur joie. La jeune garde à l’image de Morad Touizni et Wesley Douglas feront parler les appuis et l’aisance technique. Et l’exemple viendra d’un garçon expérimenté et toujours aussi inspiré dans son jardin. Sabri Gmir dans son style caractéristique finira par parachever une action d’envergure suite à un travail de sape des avants dominateurs (28-13, 55′). L’écart au score est rassurant, les comportements donnant des signes de satisfaction auprès du staff. Les Montois piqués au vif, vexés par l’absence de réaction remettaient le bleu de chauffe. Des séquences interminables sur les 22m Biterrois, une alternance avants/trois-quarts à bon escient mais par un manque de justesse dans le dernier geste et principalement une ligne défensive des Héraultais dense, les hommes de David Auradou et Christophe Laussucq pêchent dans la finition. Pourtant, au fil des minutes Béziers finira par céder et l’ancien Biterrois Mathieu Billou profitera d’une ouverture pour aplatir l’essai de l’espoir (28-18, 71′). Les visiteurs désireux d’éviter un voyage à vide, jetteront toutes leurs forces dans les ultimes secondes. Sans succès, l’ASBH remportant la mise en maîtrisant la conclusion.
« LE DROIT DE RÊVER »
Au coup de sifflet final, la satisfaction générale transpirait des travées du stade. Le sentiment une nouvelle fois d’avoir accompli une prestation de qualité, en comparaison à l’adversité et répondant aux exigences d’un staff heureux d’un tel dénouement. L’ASBH avance plutôt discrètement, à pas feutrés dans cette lutte sans partage pour s’offrir un printemps souriant. Techniquement, les Biterrois progressent de sorties en sorties. Et paradoxalement, la remise en question semble permanente pour une formation capable selon leurs propres dires, du pire comme du meilleur. Comment trouver l’équilibre, la ligne directrice stable et réconfortante ? La dure loi du sport direz-vous, même si quelques indices peuvent aider à envisager certains scénarios. 52 points à la fin Janvier, c’est une performance remarquable dans les dernières années pour ce groupe qui s’est dit des choses depuis la calamiteuse défaite à la maison face à Angoulême (24-34). Depuis c’est 7 victoires en 9 rencontres disputées, une mêlée fermée ayant retrouvée de la vigueur comme rampe de lancement et une touche aux standards élogieux du début de saison. Le contrat semble tout indiqué pour Béziers, protégé de la lutte au maintien définitivement, au-delà des résultats bruts, c’est bien d’une progression globale à laquelle nous assistons dernièrement.
Le prochain déplacement à Aurillac sera un nouveau test pour valider les efforts du dimanche. La récupération physique devrait être primordiale pour aller chercher un résultat en Auvergne, une terre inhospitalière généralement pour l’ASBH. D’ici là, il faut savourer le moment présent, un cador est encore tombé dans l’antre des Rouge et Bleu. Et le travail sera certainement de garder cet état d’esprit afin qu’il perdure jusqu’au coup d’envoi à Jean-Alric. Des garçons montrent de réels signes encourageants tels que Reda Wardi, Yassine Maamry, Éloi Massot et Morad Touizni. Des gamins devenus grands, discrets et qui sont dans le vrai. Bien sûr le collectif est à mettre à l’honneur, sans le copain rien n’existerait, plus que jamais dans le rugby. Mais la montée en puissance de certains n’est pas anodine et bénéficie à tous. Dans un groupe professionnel limité quantitativement, le staff puisse régulièrement chez les jeunes pousses. Pour préparer l’avenir et donner la chance de s’exprimer. Même si l’étau finira inexorablement par se resserrer, le capitaine Jonathan Best peut amener les siens vers des sommets qu’envient tout un peuple. Et David Gerard de conclure simplement sans fioritures, qu’ils avaient gagné dimanche « le droit de rêver« .
Rémy RUGIERO