Par un joli dimanche après-midi ensoleillé, l’ASBH s’était déplacée dans les Landes. Avec l’honorifique place de leader à défendre et un sentiment de revanche, excellent pour faire mousser l’ambiance, dans l’air chaud et estival du Stade Guy-Boniface. Si l’accueil fut à la hauteur des habitudes, le paysage parsemé de tournesols aux couleurs locales, il y avait bien d’autres ambitions à venir chercher. Au final un échec cuisant, lourd. Des comportements inégaux et déroutants qui ne correspondent pas aux ambitions réclamées. Autopsie d’un manque de lucidité criant.
JOUER ENSEMBLE ?
Le titre du paragraphe est forcément provocateur. C’est le sentiment qui découlait à la fin de le rencontre face à des Montois qui n’en demandaient pas tant. Visiblement, les premiers duels tendaient à prouver la motivation légitime des Landais. Après un nul concédé dans les ultimes secondes à Bayonne la semaine dernière, et les derniers jours crispants au sein du club après le départ annoncé de Christophe Laussucq, avouons qu’il y avait mieux comme contexte pour préparer ce sommet. Pourtant rien ne laissait transparaître ces potentielles perturbations. Malgré un début de match à l’avantage des Montois, c’est l’ASBH qui parvenait à ouvrir les hostilités. Sur une belle passe décisive de Pierre Bérard, Jordan Puletua était le plus prompt pour inscrire le premier essai de l’après-midi. De quoi s’assurer les arrières et voir venir. Enfin pas pour très longtemps car le bateau Héraultais tanguait sévèrement. La fissure initiale viendra d’un carton jaune évitable à l’endroit de Jordan Puletua. Plaquage à l’épaule, sanction connue fin du débat. Les visiteurs n’auront plus droit de cité ou presque, sur de nombreux turn-over bien amené autour d’Augustin Ormaechea, le Stade Montois se nourrissait trop souvent des fautes de l’adversaire. Et ce n’est pas par un manque de courage ni d’abnégation, car globalement Béziers a combattu. Mais à trop vouloir franchir la ligne rouge on s’expose aux foudres de l’arbitrage. Le carton jaune de Marco Pinto-Ferrer est à ranger aux rayons des couacs. Un manque de sang-froid préjudiciable et qui pénalise l’édifice Biterrois.
Encore dans le coup à la pause (16-11), Béziers ne démérite pas et propose de belles séquences. Mais on sent bien le manque de liant peser autour des joueurs. Un manque de communication flagrant et des combinaisons à peaufiner. Logique en cette 3 ème journée, aux prémices d’un marathon interminable. L’espoir était de mise, avec plus de précisions et de créativité, le coup semblait encore jouable. Jusqu’au carton rouge de Maxime Veau qui plantait son vis-à-vis au centre du terrain. Forcément la donne n’était plus la même, et les hommes de David Gerard et David Aucagne voyaient échapper la décision. Paradoxalement, malgré cette énième infériorité numérique, l’ASBH tenait le ballon. De nombreuses conservations mais qui restaient stériles. Et des attitudes parfois inexpliquées. Des deux contre un d’école mal exploités, des relances dangereuses proche de la ligne d’en-but, des passes comme si vous étiez à la plage en train de jouer au football américain, des cadrages sans saveurs avec aucune prise d’information sur le partenaire décalé. En gros, Béziers était à côté de la plaque sur des situations avantageuses. Elles furent pourtant légions et David Aucagne qui fulmine dans les vestiaires : « On n’était pas prêts à faire un mach de rugby. Les valeurs de ce sport restent l’engagement, d’aller au combat. C’est un déplacement pour rien et on laisse un éventuel concurrent direct avec une victoire bonifiée. » Fin du bal.
RELATIVISER POUR MIEUX REBONDIR ?
Le score sera sans appel (35-14) avec ce point de bonus laissé en route aux Montois, tout heureux d’une sortie de mêlée lunaire sur le coup dans le camp Biterrois. Dans l’analyse, tout n’est pas à jeter. Béziers aurait pu s’écrouler après autant d’éléments contraires. Maladroits dans les initiatives, pas de renoncement à déplorer. Mais cette fébrilité laisse place à une frustration. Sans tout remettre en question, cette indiscipline pourtant pointée du doigt dans la semaine comme la clé de la rencontre a été balayé d’un revers de main. Collectivement, les repères sont insuffisants et la charnière a besoin de vécu pour s’exprimer. L’alignement Héraultais fut correct même si la mêlée a soufflé le chaud et le froid. Mais les Montois furent bien plus pragmatiques dans leurs offensives alors qu’ils n’étaient pas forcément dans un grand jour. De quoi remettre à plat quelques vérités et aller au charbon selon l’expression consacrée. Si Béziers démontre un véritable complexe dans les Landes depuis quelques temps, ce groupe a su par temps de tempête se reprendre en main. Et inverser des tendances douteuses. Ce n’est qu’un début de championnat, et une pléiade de formations viendront s’incliner à Guy-Boniface. Un travail sur certaines attitudes et une meilleure application des consignes devraient permettre de retrouver une forme de sérénité. Car c’est bien de cela qu’il a manqué hier après-midi. Jean-Baptise Barrère exemplaire sur le terrain pour conclure :« C’est une défaite logique et difficile. On est passés à côté, trop suffisants parfois. Trop compliqué avec autant de fautes. On doit scorer plus souvent mais les détails nous ont plombé. On va bosser ensemble, analyser à la vidéo nos erreurs et préparer le déplacement à Brive dimanche prochain. » RDV en Corrèze pour vérifier si la leçon aura été retenue..
Rémy RUGIERO