Le duel face à Oyonnax était attendu avec une relative crainte, mêlée à une forme de crispation et d’interrogations légitimes après la démission enregistrée dans l’Aude la semaine précédente. Inutile de nier le contraire, les joueurs de l’Ain représentaient un danger immédiat dans l’antre du Stade de la Méditerranée. Une menace sur l’invincibilité à préserver à domicile et sur l’orientation immédiate des événements. Un succès au final (24-19) à l’image d’un club qui adore se faire peur pour exprimer sa colère. Et plutôt à juste titre jeudi soir.
L’INSTINCT DE SURVIE
On pourrait évoquer cette entame de match pas sensationnelle dans le contenu, le fruit de quelques traces sûrement encore présentes dans les esprits comme prévu. D’une part, les visiteurs démontraient une aisance dans le jeu, combinant les animations avec pertinence. De quoi meubler le score méticuleusement, sans trouver à redire face à des Biterrois encore un peu trop empruntés. Le tableau d’affichage indiquait alors (3-9) en faveur de l’USO, venant récompenser une domination d’ensemble logique. Moment choisi au cœur de la première période par l’ASBH, pour se remettre à l’endroit et privilégier sa marque de fabrique depuis le début de la compétition : les ballons portés. Marco Pinto-Ferrer à la conclusion d’une action d’école maîtrisée à la perfection, qui suffisait à faire vibrer la tribune de face adossée à son pack (10-9). La démonstration de la capacité des locaux à réciter leurs gammes face à un cador du championnat. Malgré quelques atermoiements en mêlée fermée, les Héraultais retombaient dans leurs travers. Défensivement statique, peut-être une des rares fois de la rencontre, Béziers et sa ligne se laissait aspirés sur un modèle d’essai dans l’évitement de Théo Millet. Flagrant délit de naïveté et maux de têtes en prévision à venir, Oyonnax reprenait les commandements et glaçait l’ambiance (10-16). Dernière action du premier acte douloureuse, après un hors-jeu détecté par l’omniprésent Monsieur Millotte, Quentin Étienne rajoutait trois points supplémentaires et Béziers perdait son talonneur Marco Pinto-Ferrer touché sérieusement au genou. (10-19), le doute était palpable, les regards noirs et les questionnements toujours d’actualité.
Revenus plus tôt que l’adversaire à la pause sur le pré, l’ASBH désirait en découdre. Sur tous les plans, à chaque point de rencontre, une farouche bataille se dessinait. Quelques plaquages offensifs, une stabilité retrouvée, une domination territoriale appuyée et vous retrouverez les munitions nécessaires pour inquiéter les visiteurs de la soirée. Profitant du travail initié par Jean-Baptiste Barrère de gala, Tyrone Viiga viendra conclure un mouvement patiemment orchestré et permettant à l’ASBH de se rapprocher au score (17-19). Une réaction de mise pour ne pas sombrer dans le pessimisme et prouver que les choses sérieuses pouvaient enfin débuter. Un second acte qui sera d’ailleurs le lot de fautes et de coups de sifflets intempestifs qui auront cassé un rythme pourtant prometteur. Peu importe le flacon comme annoncé, les Biterrois annonçaient la couleur. La guerre au sol était assez éloquente, les charges se multipliaient, les duels devenaient rudes à la limite du règlement. Et le constat que Béziers s’y retrouve très souvent, dans cette obligation de sublimer ses atouts, organiser la révolte. Presque en fusion avec le public qui savoure plus que jamais ces instants. Les dernières minutes sont insoutenables, personne n’arrivant à forcer la décision. L’ASBH investit les 22 mètres des Oyomen plus que de raison sans parvenir à conclure ou fructifier le travail. Dans un sursaut collectif, avants et trois-quarts à l’unisson vont franchir la ligne pour aller en dame. Pierre Bérard en bout de ligne viendra inscrire l’essai de la victoire. Oyonnax peut-être vexé sortira du match à l’image du capitaine Ursache passablement remonté auprès d’Éloi Massot. L’essentiel était ailleurs malgré un final stressant et décousu c’est bien Béziers qui leva les bras au ciel pour un succès mérité (24-19).
FORCE DE PERSUASION
La joie était légitime dans les couloirs des vestiaires, tout autant que l’habituelle communion avec le public à l’issue des 80 minutes. Un scénario connu à domicile, avec des prestations qui montent en régime venant apporter des points précieux dans la besace Héraultaise. Vaincre Oyonnax est une performance notable, en soulignant les 9 points de retard à la mi-temps qui distingue ce caractère oublié vers d’autres cieux. Le ciment d’un groupe dans les gestes et les comportements qui ont semblé prendre la même direction. Quelques erreurs viendront égratigner le tableau mais cela restera sans conséquence sur la sensation procurée. Béziers s’est sorti du guêpier avec conviction et vigueur. Laissant passer l’orage s’abattre sur sa ligne sans rechigner, accusant un nombre de fautes encore trop important, ne parvenant pas à tuer le match sur des lancements proches de la terre promise, la marge de progression est évidente. Ce qui peut rassurer les amoureux des Rouge et Bleu, c’est cette capacité à défendre la patrie en quelque sorte. On peut accepter le dérapage à la seule condition d’avoir combattu. Cette singularité du club symbolisée par ces résultats déroutants. Béziers reste à l’affût des places qualificatives. Jamais largués, pas plus fringants que çà non plus. Mais sacrément atypique, qui ne vous laisse pas insensible. Du travail bien fait pour continuer le cheminement et aborder la suite on l’espère avec sérénité. Définitivement. Le prochain déplacement sera un nouveau révélateur d’une forme de maturité. Qu’elle soit acquise ou non, partiellement ou par intermittence, l’ASBH doit franchir ce palier hors de ses bases. Trancher dans le vif pour perdurer. Colomiers n’a pas oublié l’affront subi à Michel-Bendichou la saison dernière. Le point de départ d’une seconde partie de saison 2017-2018 d’une qualité exceptionnelle. Chiche, on remet les mêmes ingrédients Messieurs ?
Rémy RUGIERO