Elijah Niko auteur du troisième essai biterrois hier soir à Sapiac.
L’exploit était tout proche, à portée de main. La jeune garde biterroise qui se déplaçait chez le leader du championnat était à quelques minutes d’un remarquable résultat. Le bonus défensif est une récompense minimale par rapport à l’investissement et la solidarité affichés à Sapiac vendredi soir. En toile de fond, de réels espoirs d’un potentiel qui s’épaissit au fur et à mesure des journées disputées, et ce sentiment que le staff et ses joueurs ne font qu’un. Au tiers du championnat, il y a des défaites valeureuses qui promettent des lendemains joyeux. Et l’ASBH mérite le respect une fois de plus.
MONTAUBAN POUSSIF, BÉZIERS RÉALISTE
Au coup d’envoi, Béziers se présentait avec un effectif remanié avec quelques cadres expérimentés entourant les dernières pousses alignées. Un savant mélange pour perturber l’USM pas toujours royale à domicile malgré une invincibilité en cours. L’ASBH ne se déplace plus pour jouer les faire-valoir qu’on se le dise, y compris avec quelques gamins talentueux venus prendre du temps de jeu et montrer leurs aptitudes à franchir un palier. Thomas Hoarau, le jeune troisième ligne centre symbolise cette nette impression laissée à Sapiac. Si quelquefois, les Rouge et Bleu ont manqué de maîtrise sur des moments clés de la rencontre, on ne présager pas au coup de sifflet final la notion de déséquilibre après 12 changements au sein du XV de départ. Bien au contraire, dans la continuité des dernières prestations défensives de qualité. L’essai de Roméo Ballu, décidément décisif à chacune de ses apparitions, venait confirmer cette sensation. Montauban réagira logiquement par la suite, et à deux reprises sur des séquences bien senties, viendra briser la ligne biterroise pour repasser devant au score. 20/13 à la mi-temps, pas de quoi pavoiser pour l’USM, et des motifs de satisfaction légitimes pour des biterrois toujours dans le coup.
Les Sapiacains réduits à 14, c’était l’heure d’entamer un joli retour au score avec un Julien Blanc décisif derrière sa mêlée. Il ouvre la voie royale au capitaine Best après une délicieuse croisée au sein de la défense locale pour revenir à parité (20/20), et c’est toujours lui qui récupère la gonfle sur les 20 mètres, après une inversion d’attaque mal exécutée par les Sapiacains sur une attaque dangereuse, pour servir Elijah Niko auteur d’une jolie course de 70 mètres pour finir en dame (20/27). Deux fulgurances typiques de Béziers cette saison, avec une faculté certaine de bonifier les contres sur de longues distances. Un régal pour la centaine de supporters ayant fait le déplacement. Une démonstration supplémentaire, que cet effectif ne baisse jamais les bras. Montauban fallait-il le rappeler possédant la meilleure défense de l’élite et n’ayant jamais autant encaissé d’essais à domicile, de quoi apprécier à sa juste valeur la prestation héraultaise. La fin de match approchant, l’espoir était de mise et véritable pour les hommes des présidents Valaize et Bistué.
L’EXPLOIT SI PROCHE..
Les locaux dans l’obligation de revenir à la marque, s’employaient de façon désordonnée. On sentait bien que les Tarn-et-Garonnais n’en menaient pas large et cherchaient des solutions. En vain, du moins pendant de longues minutes, faute à un rideau défensif biterrois de qualité, courageux et soudés comme jamais. Le banc montalbanais amènera de la puissance avec Tekassala et Engelbrecht ce fut manifeste. Les hommes de Jonathan Best, très inspiré hier soir, finirent par rendre les armes. Notamment après une pénalité infligée aux biterrois et un carton jaune sévère à l’endroit de Thibauld Suchier. Et d’autant plus que peu de temps après, c’est Timothée Lafon qui écopa d’un jaune laissant les biterrois un long moment à 13 contre 15. Le salut montalbanais passera par un ballon porté classique et un essais inscrit par Domenech en forme de soulagement pour tout un stade. Béziers avait laissé passer le train, les 4 points et toutes les considérations que lui aurait apporté un succès. La fierté toutefois immense et agréable que l’ASBH possède de la ressource. Wardi, Marco-Pena, El-Fakir, Samaran, Hoarau, Douglas, Champin, Ballu et d’autres comme Daminiani, Wilkins.. offriront des alternatives crédibles. Cette défaite peut paraître amère après un tel effort mais elle doit permettre d’envisager la suite avec confiance.
Béziers reste tout de même à portée des qualifiables et se trouve même à la quatrième position au classement britannique (+7). Une sécurité indispensable pour poursuivre sur ce même registre et ces options de jeu prônées par David Gerard et David Aucagne. Si la question de profondeur d’effectif est toujours dans les esprits, certaines solutions seront à nouveau utilisées pour pallier certaines absences sans que le rendement global n’en soit affecté. Il y avait bien longtemps que parmi le centre de formation, autant d’éléments susceptibles d’intégrer l’équipe première à juste titre ne s’est fait sentir. D’évidence, l’apprentissage est parfois long et semé d’embûches dans ce monde rude que représente le rugby professionnel. Mais quel formidable appel d’air pour cette jeune génération, à l’heure où les solutions extérieures et étrangères sont parfois prisées, d’assumer son rôle et son implication totale dans l’effectif biterrois. Et puis c’est aussi l’occasion de mobiliser les foules, pour vendredi prochain avec ce superbe derby qui se profile face à Narbonne. Le dernier d’une série de trois consécutifs à la maison. Peut-être le plus historique d’entre tous en terme de suprématie et de rivalité. Au public biterrois de jouer une nouvelle fois son rôle et d’être le 16 ème homme plus que jamais dans ce passionnant ProD2.
Rémy RUGIERO