Jean-Baptiste Peyras-Loustalet auteur du premier essai biterrois face à Massy hier soir.
Coup de sifflet final, le froid sibérien qui s’abat sur Ladoumègue se déchire aux sons des supporters biterrois heureux du dénouement. Les héraultais ont raflé la mise en terre massicoise et s’offrent une certaine sérénité avant d’accueillir deux cadors à la maison successivement. Si les lancements n’ont pas été parfaits, si parfois le promu a semblé prendre le dessus notamment en première période, c’est bien l’état d’esprit général qu’il faut mettre en avant. Le retour des vestiaires fut plus dense, et malgré des infériorités numériques, l’ASBH remporte un succès mérité (19/27) qui souhaitons-le, en appellerons d’autres.
VENT CONTRAIRE
Il s’était dit que cette opposition serait une occasion de jauger le rétablissement d’une équipe qui avait traversé le dernier bloc avec la peur au ventre. Quoi de mieux qu’un déplacement lointain, en bus signalons-le un paramètre non négligeable au coup d’envoi, après un succès face à Dax qui sur le plan comptable avait fait un bien fou. Des conditions de jeu hivernales à souhait, une composition d’équipe séduisante et l’intention de confirmer que le mois de Novembre était derrière eux. Nous étions prévenus que les locaux étaient équipés d’une fine gâchette prénommée Thomas Girard qui fera parler sa précision d’entrée de jeu. Les héraultais pris par le rythme imposé par les hommes de Didier Faugeron, mais sans plier véritablement. Jusqu’à l’essai de Benjamin Dumas sur les extérieurs, sur lequel la défense biterroise fut malmenée. 13/0 après que Thomas Girard fructifia le travail des siens, 20 minutes de jeu, autant dire qu’on espérait meilleure entame des Rouge et Bleu. Mais il était écrit que les hommes menés par le capitaine Jonathan Best n’abdiqueraient pas. Le contenu était de meilleure qualité par la suite, les transmissions et les courses incisives, et l’avancée systématique à chaque incursion des visiteurs. Lachie Munro permet aux siens de recoller au score 13/3, non sans une dernière frayeur dans les derniers instants et une situation d’essai pour Massy sauvée par Alipate Ratini sur son aile. Assurément le tournant.
Adossés au vent pour la seconde période, les hommes de David Gerard et David Aucagne n’accusaient que 10 points de retard, rien d’insurmontable mais le droit à l’erreur restait minime. Les libérations étaient plus précises, les soutiens tranchants. Massy peinant à défendre sa ligne et c’est logiquement Jean-Baptiste Peyras-Loustalet qui viendra conclure un joli mouvement initié par Lachie Munro. L’impression que les héraultais arrivent à tenir la balle, accumulent les séquences afin d’user des massicois sans solutions. Pourtant, les locaux vont plutôt bien réagir et l’incontournable Thomas Girard donna une certaine marge de sécurité (19/10). C’était mal connaître la capacité de réaction des biterrois, qui vont finir très fort et qui seront récompensés par des mouvements d’envergure de toute beauté. Jamie Hagan, l’Irlandais au chevet de la mêlée à son avantage hier soir, inscrira son premier essai sous les couleurs de l’ASBH, avec une belle énergie et un comportement qui ne trahit aucun doute : Béziers a repris le commandement dans les têtes, la domination territoriale se traduit dorénavant sur le tableau d’affichage. Thibauld Suchier tout juste rentré viendra passer la pénalité du 19/20 à la 63 ème, récompensant un travail de sape des avants biterrois. Cet avantage, Béziers ne le lâchera plus tel un chien affamé devant sa gamelle. Les gestes défensifs sont efficaces, les contests judicieux et les locaux sont totalement emportés par la furia des visiteurs. La mêlée fermée en est la plus significative illustration, signe que l’ASBH est dans le vrai.
RETENIR LES LEÇONS DU PASSÉ
Il reste une dizaine de minutes à disputer, Massy semble asphyxié face au rythme haletant imposé par les biterrois. Le contexte est propice aux attaques au large malgré les conditions climatiques déplorables, l’éclair était perceptible. Tyrone Viiga qui fera parler sa puissance une nouvelle fois, aplatira le 3 ème essai des héraultais à 6 minutes de la fin. La transformation de Thibauld Suchier donnera un écart fatal pour les joueurs de l’Essonne. La fin de match sera judicieusement gérée, sans être inquiétés outre mesure les massicois n’ont plus l’essence dans le moteur. Faute à une possession largement à l’avantage de l’ASBH, et les efforts déployés pour contrarier les visiteurs sera payée au prix fort. Mr Chérèque siffle la fin du match, et les 4 points obtenus amènent un énorme sentiment de satisfaction. D’une part, car collectivement comme il était annoncé en amont de la rencontre, Béziers fut remarquable. Avec un groupe taillé pour le combat, aller à la guerre en quelque sorte face à la meilleure défense à domicile du championnat, les biterrois ont fait voler en éclats à plusieurs reprises cet édifice massicois. L’équipe s’est resserrée notamment sur les moments faibles et s’est même permis le luxe d’inscrire un essai en infériorité numérique. Pas un hasard. On parlait de cycles dans l’histoire d’une saison, cette victoire acquise de haute volée va tout d’abord rassurer l’environnement du club et confirmer que dans de bonnes conditions, l’ASBH est compétitive.
D’un point de vue comptable, Béziers monte encore en grade en s’installant à la 7 ème position. Dire qu’il y a deux semaines, la zone rouge pointait son nez au soir d’une désastreuse défaite à domicile face à Angoulême. Un championnat qui ne permet aucun relâchement et qui selon les dynamiques vous autorise aux destins les plus complexes. Ce succès sera fédérateur à la condition d’une continuité. Si le secteur de la touche en première période devra être sensiblement revu, si l’indiscipline est toujours présente en terme de cartons, les arguments proposés par Béziers ne sont pas le fruit du hasard. Le jeu prôné est valable quand les fondamentaux sont propres. Quand ces réglages seront réguliers, rien n’interdit de poursuivre ce cheminement entrevu du côté de Bayonne, Biarritz, Nevers et Montauban. Et de le mettre en application à domicile, où les héraultais peinent en général excepté face à l’USAP cette saison. Une forme de pression insidieuse qui s’empare des joueurs et qui brouille le travail effectué durant la semaine. Colomiers qui se présentera dimanche prochain est un véritable choc du championnat qu’on se le dise. Deux équipes dans les parages d’une qualification, avec une avance certaine pour les columérins en points. Un moment à ne rater sous aucun prétexte pour soutenir les joueurs dans leur entreprise et pourquoi pas, se réconcilier avec les déçus des dernières semaines. Ce bloc démarre parfaitement, il serait dommageable de ne pas fructifier l’embellie et d’offrir un match plein à ses plus fidèles soutiens.
Rémy RUGIERO