Sabri Gmir, l’ailier biterrois qui a inscrit l’essai de la délivrance sur un service de Jean-Baptiste Peyras-Loustalet
Le soulagement était de mise au coup de sifflet final de Mr Bouzac au Stade de la Méditerranée. La prestation des bretons n’aura étonné personne et viendra confirmer la tendance qui se dégage dès la 1 ère journée du championnat de ProD2 : le danger sera permanent tant les formations sont proches et le niveau très lisse entre ces compétiteurs. Pour le suiveur lambda, il trouvera un écho sympathique à ce scénario qui s’annonce passionnant à plus d’un titre. Pour le supporter, il lui en coûtera quelques sueurs froides, à commencer par hier soir avec des vannetais sans complexes, venus jouer un vilain tour à l’ASBH. Qu’importe la manière, le résultat restera la principale information d’une rencontre discontinue mais qui aura démontré une force de caractère incontestable pour les héraultais.
L’ENTAME EN QUESTION
Très vite pour les 6.182 spectateurs présents pour cette ouverture, le sentiment d’une légère crispation se faisait sentir. Un jeu au pied contré sur Josh Valentine, deux-trois plaquages mal assurés et un manque de communication auront donné des munitions pour que les bretons puissent faire une entrée fracassante. Fringants, plus sûrs dans leurs courses et leurs intentions, les hommes de Jean-Noel Spitzer vont concrétiser rapidement leurs incursions et c’est l’intenable Gwenael Duplenne qui s’en ira inscrire le premier essai du match (0-7, 4′). De quoi plomber l’ambiance, d’autant plus que peu de temps après? suite à un mouvement de belle facture, Christopher Hilsenbeck l’artilleur breton ne se faisait pas prier pour signer un écart plus conséquent (0-10, 11′). Clairement l’ASBH n’était pas dans un moment favorable, chacun se renvoyant les responsabilités sans véritable fil directeur. Mais là ou d’autres auraient pu craquer, les scores des autres stades en sont témoins, les Rouge et Bleu n’ont pas paniqué. Sur plusieurs situations, mettant les visiteurs dans le rouge sur quelques séquences bien senties, Lachie Munro convertissait à 3 reprises le travail de sape de ses coéquipiers. Pas génial pour le coup, mais suffisant pour retomber la pression négative et recoller au score (9-10, 40′). La tribune de face après avoir houspillé ses protégés, retrouva des couleurs et la pause était la bienvenue dans une lourdeur climatique étouffante pour les acteurs de cette rencontre.
Des biterrois rapidement de retour sur le pré après la coupure, après quelques vérités certainement dites dans le vestiaire, Béziers se devait de montrer un autre visage, en adéquation avec la saison dernière et surtout pour évacuer la menace vannetaise. Après la sortie par précaution de François Ramoneda, ce fut le retour attendu de Jean-Baptiste Barrère. Son entrée coïncide avec un fond de jeu retrouvé, un jeu plus simpliste et efficace afin de mettre sous pression le RC Vannes. La récompense ne se faisait pas attendre, et c’est l’ancien palois lui-même qui va aplatir le premier essai pour les locaux de la rencontre suite à un joli travail collectif des avants héraultais. La transformation de Lachie Munro passée, Béziers passe au score pour la première fois (16-10, 54′). C’était ne pas connaître l’opiniâtreté et la force de réaction des Morbihannais qui après une série de mêlée fermée à leur avantage, sont logiquement récompensés d’un essai de pénalité (sans transformation dorénavant pour rappel) (16-17, 63′). Moment de faiblesse, de doute pour le groupe biterrois qui devait chercher la solution idoine pour sortir de l’ornière. Et les éléments commençaient par devenir franchement compliqué puisqu’après une énième faute biterroise, Christopher Hilsenbeck toujours aussi précieux au pied redonna de l’avance aux siens (16-20, 65′). L’urgence était palpable, la défaite plausible et toutes ses conséquences inhérentes.
PEAUFINER LES RÉGLAGES DANS LA VICTOIRE
C’était le moment choisi par l’ASBH pour faire front et rassurer son environnement. Vannes commençait par donner des signes de faiblesse, l’indiscipline fut plus marquée. Thibauld Suchier ayant succédé à Lachie Munro ne trembla jamais. Par deux fois, il trouvait impeccablement la cible pour redonner l’avantage à l’ASBH dans un chassé-croisé haletant (22-20, 74′). Rien n’était joué face à des bretons toujours aussi menaçants dans la conservation avec des joueurs comme Vosowai pour les avants et Hickes derrière intenables et créant systématiquement le surnombre. Et puis ce coup d’éclair, pas uniquement ceux présents dans les airs à proximité immédiate, le jeu au pied de Thibauld Suchier suffisamment distillé pour mettre la pression sur la réception vannetaise. La récupération de Simon Chevtchenko qui sert Jean-Baptiste Peyras-Loustalet. L’arrière biterrois s’engouffre dans l’intervalle près de la ligne, converge parfaitement pour servir dans le tempo Sabri Gmir qui ira aplatir entre les perches. Du cousu main pour le plus grand bonheur du public biterrois (29-20, 77′). La victoire presque assurée, un dernier sursaut d’orgueil salutaire des bretons, leur permettront d’obtenir un bonus défensif mérité sur la sirène (29-27, 80′). La victoire au RDV pour les hommes du duo Aucagne/Gerard, poussive et dans la difficulté. Faute à un adversaire de qualité qui mérite le grand respect et des attitudes à peaufiner pour les biterrois. Légitime pour un début de saison.
Après les remerciements d’usage, la victoire acquise et la satisfaction des 4 points, il fut le temps des explications. Sans détours, joueurs et staff ont admis les difficultés rencontrées, un certain manque de fraîcheur physique par moment et une incapacité à être consistant. David Gerard se confie : « On fait le job en remportant ce match piège. Nos dix premières minutes furent cauchemardesques. On s’est mis dans la panade face à une belle équipe. C’est un premier match de la saison, il faut travailler certains secteurs mais je suis satisfait du caractère affiché car on a rien lâché. » Des propos confirmés par Simon Chevtchenko : « Nous n’étions pas dans le rythme, sans ballon disponibles. Ce soir il faut féliciter les gros qui ont fait le boulot, et nous derrière va falloir s’y mettre car autant en attaque qu’en défense nous étions absents. Vannes c’est vraiment solide, ils iront perturber d’autres formations. Le point positif c’est notre réaction, mais on doit vraiment travailler notre régularité. » Des propos lucides, pour une première sortie brouillonne dans les fondamentaux aussi, mais largement perfectible avec les prochaines échéances qui s’annoncent passionnantes du côté du Pays Basque.
Rémy RUGIERO