Julien Blanc à la manœuvre avec ses partenaires pour ce succès face à l’USAP
Un dimanche après-midi, un beau soleil généreux, des tribunes bien garnies. Un derby attise toujours autant la curiosité et les souvenirs historiques pour les uns et les autres. La visite des Sang et Or à la Méditerranée, était perçue comme un RDV majeur de la saison, en prélude d’une double réception à domicile consécutive des voisins audois par la suite. Comme prévu, les Catalans ont fait parler leur puissance collective alors que les héraultais furent remarquables d’abnégation avec une cohésion de tous les instants. Retour sur un succès fédérateur.
DÉFENDRE ENSEMBLE
Qu’il est agréable ce ressenti, avec comme recette tous les ingrédients réunis pour proposer un combat attendu entre deux formations aux desseins diamétralement opposés. D’un côté, les Rouge et Bleu étaient à la recherche d’un match référence, afin de se rassurer sur un potentiel déjà entrevu ainsi que de prouver leur valeur. Pour les Usapistes, une victoire propulserait les hommes de Christian Lanta à la première place. Si Béziers n’a pas obtenu le match parfait, il trouvera des satisfactions légitimes et a démontré que la vaillance et certaines convictions permettaient de déplacer des montagnes. Et le premier acte confirmait cette impression. Les visiteurs dominateurs dans la conservation et les franchissements n’étaient pas en mesure de meubler le score. Face au vent, ils ont fréquemment buté sur un rideau défensif biterrois généreux. Et comme très souvent depuis le début de championnat, l’ASBH en profitait pour planter quelques banderilles par l’intenable Julien Blanc à la manette. A l’inspiration du premier essai de Morad Touizni (5/0, 6′), l’ancien Oyomen a éclaboussé la rencontre de sa vista et de sa justesse. Son essai après une offensive grand large bien relayée par Sabri Gmir (12/0, 21′) assommera les Perpignanais face à cette insolente réussite.
Clairement, les biterrois laissaient l’initiative aux Catalans avec une occupation au pied chirurgicale qui obligeait l’arrière Julien Farnoux a relancé systématiquement les siens du fond de terrain. Une consigne qui s’avéra payante. Alors que les Usapistes usaient des cellules à 3 joueurs pour une éjection rapide après point de fixation, Béziers attendait patiemment son heure. Jerôme Porical, toujours aussi inspiré face à son ancienne formation, rajoutait deux pénalités supplémentaires venant confirmer le travail de sape des avant biterrois. (18/0) à la pause, net et sans bavures face à des Catalans plutôt médusés et désarmés pour trouver une solution crédible, eux qui avaient montré un talent certain lors des premières journées. Notons sur les 40 premières minutes, la suite le confirmera, l’excellent travail sur les ballons portés défendus qui a clairement perturbé l’entreprise des visiteurs. On attendait cette marque de fabrique et cette puissance que jalouse d’autres clubs. Le turn-over de circonstance ayant également peut-être perturbé l’édifice côté Catalan. Comme quoi la fraîcheur physique était présente là où l’on ne s’y attendait plus, à coup d’une gestion d’effectif pragmatique. Les supporters biterrois étaient heureux voire rassurés pour certains. Son équipe et ses protégés étaient parfaitement impliqués pour contenir le réveil Catalan en seconde période. Et personne ne sera déçu.
BÉZIERS PLIE MAIS NE ROMPT PAS
On imaginait la séquence verbale de Patrick Arlettaz dans les vestiaires et l’apport précoce d’un banc monstrueux sur le papier. Toujours à la recherche de repères sur la durée et d’un match abouti, l’ASBH se devait de contrarier la furia de l’USAP. L’essai de Julien Farnoux viendra incontestablement justifier le jeu de lignes arrières conséquent et démontra une fois de plus la qualité des gazelles catalanes (18/5, 45′). La suite ? Une attaque/défense en règle où les Usapistes cognaient férocement sur un rideau défensif biterrois courageux, parfois débordé mais jamais vaincu. La victoire s’est construite dans ces moments où chaque centimètre de pelouse fut sauvegardé avec passion. Le public portait les siens avec cette affluence des grands jours. Jean-Baptiste Barrère le capitaine le concède : « C’était génial on se l’était dit avant le match. Les supporters ont joué un grand rôle. Sur la dernière action quand on pilonne les avants adverses, même si les jambes n’étaient plus là, leurs encouragements nous ont poussé dans nos derniers retranchements. » Au final, si Porical et Potgieter ont meublé le score plus rien ne sera inscrit pour la victoire des hommes de David Gerard et David Aucagne (21/8). Bien sûr, on évoquera la bagarre générale. Un rouge de chaque côté, et une vidéo qui sera certainement utile pour sanctionner les comportements incroyables de Mathieu Acebes (la courageuse manchette par derrière) et du capitaine Lifeimi Mafi auteur d’un plaquage cathédrale grotesque à l’attention de Thibauld Suchier. On exagère ? Pas le moins du monde, le jour où un joueur restera paralysé après de tels actes, il sera déjà trop tard. Rien ne justifiait ces conduites dans un derby jusque là bouillant mais dans les règles.
Cette victoire est fédératrice à plus d’un titre. Quelle meilleure publicité pour séduire un public nombreux et bruyant à renouveler l’expérience pour d’autres derbys passionnants. Sportivement, ce premier bloc prédisait des difficultés. La conclusion que l’ASBH n’est jamais passée au travers face à des équipes calibrées pour jouer la montée en Top14 devrait suffire à convaincre les plus sceptiques. Le point noir étant les blessures récurrentes à certains postes stratégiques. Avec une profondeur d’effectif qui est loin d’être pléthorique, les solutions idoines pour le staff s’amenuisent. Béziers a gagné le respect de ses pairs hier après-midi face à des Usapistes qui feront souffrir bon nombre d’adversaires tant leurs arguments sautent aux yeux. Mais hier, c’était par d’autres chemins empruntés qu’il fallait chercher la gagne. Et cette fierté affichée sur les visages à la sortie des vestiaires en montrait long sur le soulagement des uns, et les prémices d’une équipe qui ne sait jamais trahie depuis le début de l’année 2017. Le public biterrois apprécie ces succès dans la douleur et la bravoure. L’ASBH n’a pas triché dans son antre et ce type de rencontre doit permettre d’affirmer son potentiel dans ses rangs. Un derby, le passage au ralenti devant la Tribune de Face, l’USAP comme valeureux adversaire, des sourires pour cette réussite, le rugby qu’on apprécie et on en redemande Messieurs.
Rémy RUGIERO