Débarqué durant l’intersaison afin de renforcer le pack Biterrois, Joe Tuineau s’est invité dans la famille de l’ASBH sur la pointe des pieds. Culminant pourtant à 2,03 m et rendant sur la balance un poids estimé à 123 kilos, le colosse a vécu un début de saison délicat poursuivi par une blessure au genou récalcitrante. Depuis, celui qui fut recruté pour remplacer son frère d’armes en sélection Tongienne Lua Lokotui, parti profiter d’une retraite méritée, le Biterrois s’affirme un peu plus sur le terrain ainsi que dans le vestiaire. Portrait d’un joueur prépondérant pour le sprint final des Héraultais.
SOURIRE DE RIGUEUR
Joe Tuineau s’est taillé une réputation dans l’hexagone. Robuste, dur à l’impact, des arguments qui avaient séduits le MHR en 2011 pour aller débusquer ce talent du côté de Southland en 2011 en Nouvelle-Zélande. Passé par Provence Rugby, Lyon et Dax, le Fidjien de naissance d’un père Tongien et d’une mère néo-zélandaise, aura connu l’incroyable opportunité d’être convoité par 3 sélections internationales pour disputer la Coupe du Monde 2011. Les Fidji donc, le Tonga et les États-Unis excusez du peu. Après avoir porté le maillot des Ikale Tahi (Aigles des Mers) pour faire plaisir au paternel (28 sélections à ce jour), le grand gaillard peut se targuer d’une carrière fournie pouvant l’amener à disputer une troisième Coupe du Monde au Japon. Voilà pour les présentations d’usage, qui place cet homme au sourire permanent parmi les joueurs expérimentés de l’actuel ProD2.
Une aubaine pour Béziers qui n’avait d’autre choix que de renforcer son alignement plutôt faible en centimètres, et manquant d’un certain leadership avec l’arrivée d’un joueur charismatique. Les supporters ont pourtant perçu son arrivée avec une certaine défiance. Par l’âge et peut-être l’état physique. Des doutes pourtant sévères car Joe Tuineau fut l’avant le plus utilisé la saison dernière du côté de Dax (1844 minutes, 26 rencontres). Non le problème était ailleurs avec une torsion au niveau du genou, une entorse compliquée à soigner après un rassemblement avec la sélection Tongienne aux prémices du démarrage du championnat. De retour sur les prés à Colomiers au cœur du mois d’Octobre, Joe Tuineau s’inscrit depuis dans le turn-over sur un poste qualitatif et quantitatif entre Mathias Marie, Benjamin Desroche, Yassine Maamry et Jonathan Best. Et sa dernière prestation à Oyonnax durant 80 minutes dans un contexte difficile tend à prouver son retour aux premiers plans.
OBJECTIF COMMUN
La réception de Brive s’inscrit dans la continuité des objectifs entrevus depuis quelques semaines. L’invincibilité à domicile reste la priorité malgré quelques absences notables qui seront préjudiciables au coup d’envoi selon le deuxième ligne :« Le duel sera très dur avec des leaders comme Jonathan Best ou Thibaut Suchier qui manqueront à l’appel. On va tout faire pour prendre les 4 points et rester au contact pour la suite. » L’effectif Héraultais amputé de quelques cadres, la venue des Corréziens s’annonce délicate, face à une formation estampillée Top14 et qui s’est rassurée en s’imposant logiquement à Angoulême dimanche dernier. Un rôle que Joe Tuineau doit assumer et sur lequel il ne se dérobera pas : « On doit prendre le relais avec des garçons comme Jamie Hagan. Aider Sam Katz à l’ouverture dans ses choix et la stratégie. Et d’autres joueurs en place qui ont déjà fait beaucoup depuis le début. » Pour répondre aux attentes du staff, le physique sera primordial :« Je me sens très bien, j’ai joué 80 minutes à Oyonnax avec de bonnes sensations (à l’aide d’une infiltration). J’espère en faire autant face à Brive pour continuer sur ce rythme. » Des paroles encourageantes après un match à Oyonnax plein et prometteur dans le combat et le jeu au sol.
L’appel aux cadres, aux joueurs d’expérience, pour encadrer une équipe toujours aussi jeune après les blessures à des postes-clés. Joe Tuineau semble être dans de bonnes dispositions pour prêter main forte sur la durée au pack de l’ASBH :« J’ai été formidablement accueilli ici, le staff et le groupe furent géniaux avec moi. Très heureux d’être à Béziers pour aider l’équipe à franchir un palier. » Au quotidien, le travail avec le staff lui convient : »On parle tous les jours avec David Gerard qui parle l’anglais ce qui est plus facile pour l’échange. On essaye de communiquer efficacement pour progresser tous les jours. » Sa venue à Béziers s’inscrivant dans cette ambition :« C’est vrai qu’à Dax on jouait plutôt le maintien, alors que Béziers joue la qualification depuis quelques temps, c’est appréciable au quotidien. » De quoi trouver des leviers de motivations communs entre un joueur aspirant à disputer la prochaine Coupe du Monde au Japon et les souhaits de l’ASBH de s’installer parmi les meilleurs de la compétition.
Rémy RUGIERO