Les trésors de jeunesse de l’ASBH, les pépites au pouvoir..

04/01/2019

Mélange entre anciens et jeunes lors de la préparation estivale, plus que jamais d’actualité pour l’ASBH

L’ASBH est parvenue à réaliser une première partie de saison séduisante, auréolée de deux succès à l’extérieur et d’une invincibilité toujours d’actualité au Stade de la Méditerranée. Flanqués de 44 points (en occultant volontairement les 3 points de pénalités de la DNACG), les Rouge et Bleu ont de l’avance sur les temps de passage avec une dynamique positive. Et l’émergence de la classe biberon n’est pas étrangère à ce redressement spectaculaire..

BÉZIERS TOURNÉ VERS LA FORMATION

Dans le sillage d’un championnat de ProD2 intense et comparable à un marathon semé d’embûches et de contrariétés, pas facile pour un jeune rugbyman d’exister et de percer parmi un effectif professionnel et d’y tracer son chemin. Question d’opportunité, de chance et de talent voire des trois arguments réunis pour épater la galerie et titiller l’esprit de l’entraîneur pour apposer votre nom sur la feuille de match. En général, les premières escarmouches en espoirs donnent les prémices d’une capacité à évoluer à l’étage supérieur, chez les grands en quelque sorte. Une frontière, un plafond de verre pour certains, une aubaine pour d’autres. Béziers ne dérogeant pas à la règle dans un contexte globalement difficile pour l’ensemble des formations alignées au départ, le choix de l’adaptation et du volontarisme est clairement affiché. Avec réussite si l’on tient compte des apports réguliers des jeunes pousses en devenir, démontrer l’étoffe et la maturité pour franchir ce fameux palier. Le staff Héraultais puise frénétiquement dans le vivier, par choix sportif, mais aussi pour générer l’émulation et attiser la concurrence essentielle dans un groupe. Symbolisé par quelques têtes de gondoles, les Biterrois ne se plaindront pas de voir évoluer sous leurs yeux, les qualités évidentes de certains gamins en passe de réussir leur apprentissage. Rien de mieux qu’un coup d’œil sur le classement JIFF (Joueur Issu des Filières de Formation) pour s’en persuader, Béziers première la saison dernière, et sur le podium cette saison derrière Bourg-en-Bresse. Un brin de fierté quand sportivement les attentes placées sont au rendez-vous.

Thomas Hoarau, Roméo Ballu, Quentin Samaran, des noms encore méconnus il n’y pas si longtemps pour le mundillo Rouge et Bleu, des passages en équipe première le temps de grandir et d’acquérir les bons comportements. Les trois premiers cités compilent parmi les meilleurs temps de jeu depuis le début de l’exercice, suivi de près par Karl Wilkins, Reda Wardi et Charly Trussardi. La plupart à des postes-clés, que ce soit la clé de voûte d’une mêlée fermée, du liant entre avant et trois-quarts, de la distribution du jeu on en tant que finisseur. Des placements qui demandent réflexion et perspicacité, et qui entraînent parfois aussi des déceptions légitimes. Dans le tourbillon d’un rugby exigeant et où les phases d’éducation ne sont toujours pas respectées, l’erreur et le droit de se tromper peuvent troubler l’édifice. David Aucagne et David Gerard l’ont bien compris en cherchant les meilleures formules pour encadrer ces talents, les façonner et les accompagner de quelques cadres qui jouent pleinement le jeu sur le terrain. Très souvent à l’évocation de cette supposée concurrence, vous entendrez les vieux grognards avec une certaine nostalgie dans leurs récits à leur sujet, une forme de fraîcheur au sein du quotidien qui vous maintient en éveil en permanence et vous oblige à rester en alerte sur votre rôle. C’est le sentiment que dégage Béziers depuis quelques semaines, voire quelques mois auparavant, une forme d’alchimie qui se concrétise avec les victoires.

21 ANS DE MOYENNE D’AGE POUR LA PREMIÈRE LIGNE

Après les constations d’usage, se pose la question du bénéfice tiré de ce parti pris et des questionnements sur le futur quand on évoque le sportif et ses aléas du ballon ovale. Le centre de formation s’est considérablement étoffé ces dernières saisons, et le titre de champion de France des Cadets Gaudermen le Printemps dernier propice à sortir quelques pépites afin d’apporter divers éléments les prochaines saisons. Les dirigeants ont validé ce credo et semblent vouloir l’amplifier avec des annonces à venir sur le sujet. L’actuel effectif Héraultais est assez riche en qualité pour déstabiliser un éventuel ordre établi. Wesley Douglas, Dorian Marco-Pena, Jean-Baptiste Grenod, Zak El-Fakir, Lucas Daminiani, Maxime Espeut, Carl Vuillecard et Thomas Munilla sont ciblés et auront leur cartes respective à jouer dans cette seconde partie de saison passionnante. Victor Dreuille est le plus bel exemple, à un poste de responsabilité incontournable, où endosser ce rôle après un long travail semble l’autoriser à s’installer un peu plus dans les rotations. Comment ne pas mettre en exergue la moyenne d’âge parfois alignée en première ligne avec Reda Wardi, Dorian Marco-Pena et Quentin Samaran. En tant que titulaires, vous ne trouverez pas plus inexpérimentés mais largement compensé par une folle envie de prouver et des gages de solidité indéniable en conquête directe. La fierté pour le club réside certainement ici, face à des adversaires huppés qui trouvent du fil à retordre face à cette consistance assumée voire insolente.

La jeunesse au pouvoir ? Le raccourci serait facile et dénué de sens, car ce n’est non seulement pas tout à fait vrai, et pour qu’elle puisse s’exprimer pleinement, l’essor grandissant des habituels titulaires aura permis de converger vers de multiples progrès. Tout d’abord à l’extérieur, où l’impatience régnait dans les rangs après quelques couacs, vite rattrapés par deux succès de prestige à Biarritz et Montauban. De quoi s’autoriser un turn-over cohérent, respectueux des hommes et de leur état physique même si le capitaine Jonathan Best affole les compteurs en étant l’avant le plus utilisé du championnat (1171 minutes disputées), il fallait bien une exception pour confirmer la règle. Le défi s’annonce palpitant, avec de l’appétit à revendre sur les futures échéances qui s’annoncent. 2019 pourrait être l’année de la confirmation, la plus compliquée en général. La reconstruction a pris du temps, et l’état d’esprit pertinent à tous les étages. Globalement, l’ASBH tient ses engagements sur le terrain, parvient à proposer un jeu en adéquation avec ses forces vives. Moins spectaculaire, forte sur ses bases, défensivement retrouvée, les jeunes pépites ont su trouver leur place quand on faisait appel à elles le moment venu. S’approprier le projet de jeu, tenter l’impossible tout en respectant les consignes d’usage. Pour conséquence de lever de son siège le supporter Rouge et Bleu, et de procurer des plaisirs retrouvés en fin de saison dernière. C’est le vœu le plus cher que l’on pourrait souhaiter à l’ASBH cette année..

Rémy RUGIERO