C’est un David Gérard au bord de la crise de nerf qui s’est présenté en zone mixte après la défaite de Béziers à Aix-en-Provence (17-15). L’entraîneur des avants a fait part de son agacement dans une interview sincère et sans concession qui tire le portrait d’une équipe condamnée, en l’état, au ventre mou du championnat.
David, fin de match forcément frustrante. Vous pensiez avoir gagné après la pénalité de Jérôme Porical (77e, 14-15)?
Non parce qu’un match se finit quand l’arbitre siffle. C’est juste impensable de faire une fin de match comme ça parce que la match tu ne dois jamais le perdre. Après, je n’enlève rien à la victoire d’Aix ! Mais il faut se poser les bonnes questions… Je ne sais pas à quoi ça sert de répéter les choses 10 heures par semaine si c’est pour qu’on arrive en match et qu’on fasse le contraire.
Comment expliquer ce trou d’air après la sortie sur blessure de Kelly Meafua ?
On en a aucune idée. On a baissé de niveau, on est tombé dans un faux rythme. On a commencé à se faire pénaliser aussi 4 ou 5 fois d’affilée. Mais ce n’est pas ça qui nous fait perdre le match. Ce qui nous fait perdre le match, c’est qu’à un moment donné, on n’est pas consistants pendant 80 minutes. Donc on a ce qu’on mérite.
Cela fait deux fois de suite qu’il y a une défaite en fin de match… C’est dur ?
C’est dur parce qu’on bosse toute la semaine pour ça, on se prépare. Et je ne pense pas qu’à un moment donné on ait été trop mis en danger. Et c’est ça qui est le plus frustrant. Ils ont été efficace.
« Les cadres, aujourd’hui, on est un petit peu orphelin. On a des bons mecs, mais ça ne suffit pas »
Il y a quand même un déclic sur les deux derniers matchs. Il n’y a pas eu de lourde défaite comme cela a été le cas auparavant…
C’est sur… Après, on a eu tellement de changements à l’intersaison, on a perdu tellement de joueurs cadres qu’il faut se reconstruire et ça prend du temps. Les gens pensent qu’on est des magiciens et qu’en une semaine ça va être réglé. Mais je leur demande de venir à l’entraînement, d’avoir quinze nouveaux joueurs en face et d’essayer de créer la mayonnaise, surtout quand tu perds les cadres. Les cadres, aujourd’hui, on est un petit peu orphelin. On a des bons mecs, mais ça ne suffit pas pour être performant à l’extérieur.
La mêlée, c’est le point positif ce soir ?
La mêlée, les ballons portés… je pense qu’on a pratiquement tout le temps avancé. Après, tu as la touche où tu te fous le bordel tout seul. Mêlée point positif c’est sûr. Mais moi je suis un compétiteur. Donc à un moment donné, des points positifs, oui chaque je semaine je vais en voir. Mais j’ai envie de gagner les matches. Je préfère que les gens me disent « Vous avez été dégeulasses » et qu’à la fin j’ai pris quatre points. Je suis là pour gagner les matches. Pas pour sortir une belle partition, être joli. J’ai envie de gagner.
Encore beaucoup de changements dans la composition par rapport à Vannes. On vous a senti frais sur la première demi-heure…
Oui on était frais. Après, sur le paquet d’avants, j’ai six jeunes sur huit et pourtant, je trouve que collectivement c’était pas vilain. Mais ça suffit pas. J’en ai marre d’essayer de voir le verre à moitié plein. Maintenant, je le vois à moitié vide. J’en ai marre. J’attends la réaction des mecs.
« Aujourd’hui, si tu as vraiment des compétiteurs, tu te rebelles »
Elle doit venir contre Bayonne cette réaction ?
On n’a pas le choix. On s’est mis dans cette position-là de les recevoir avec la peur. Mais je pense que ça va être toute notre saison qui va être comme ça. Je pense que les gens qui nous voient qualifiés ou qualifiables nous voient trop beaux. Je pense qu’il faut qu’ils arrêtent de s’enflammer et qu’ils ouvrent les yeux. Aujourd’hui, on est une petite équipe de moitié de tableau qui va jouer le maintien. Comme d’autres. Tant qu’on n’aura pas la capacité de grandir à l’extérieur et d’être encore plus consistants à domicile, on passera une saison à deux vitesses.
C’est donc aux joueurs de se prendre en main ?
Je pense qu’à un moment donné, il faut que chacun prenne ses responsabilités. On n’est pas sur le terrain. On leur donne les clés, les outils… on travaille. Après, je veux pas qu’on nous fasse une statue, c’est notre métier. Mais c’est frustrant quand tu te tapes des 10/12 heures de boulot par jour et que tu regardes après en te disant : Non mais qu’est-ce que c’est quoi ? Est-ce qu’il y en a qui ont dormi 5 jours sur 7, est-ce qu’il y en a ils ont allumé le cerveau et ils l’ont laissé à Béziers… j’ai pas envie d’être méchant mais je suis un compétiteur. Je suis là pour gagner et j’ai envie de gagner.
Il y a manque de compétiteurs dans l’équipe ?
Je sais pas. Mais aujourd’hui, si tu as vraiment des compétiteurs, quand ils pètent Kelly, tu te rebelles. T’as tout le groupe qui doit se rebeller au lieu de s’endormir. Tu te rebelles ! En plus, tu les prends à la gorge pendant les 30 premières minutes, t’accentues et là, rideau. Il n’y a pas de match. Sauf qu’on est des gentils garçons. On va tous être gentils la semaine : « Oh, ce n’est pas grave ». Si, c’est grave. Moi ça me saoule. Il faut dire la vérité.
Propos recueillis par Maxime GIL