Bien sûr que le succès ramené d’Aimé-Giral a prouvé au groupe certaines capacités, déjà entrevues du côté de Vannes et Biarritz. Bien sûr qu’un derby glané à l’extérieur apporte une forme de sérénité et valide l’approche du staff auprès des joueurs. Confirmer était donc la mission présentée aux biterrois face à Montauban. Un sérieux défi, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Rouge et Bleu ont proposé une partition aboutie. Récit.
CONTINUITÉ
Dès la première offensive, on visualisait une attitude différente au niveau de l’initiative. La combinaison où Nicolas Plazy délaissait son aile pour amener le surnombre, démontre un changement de braquet, à savoir proposer du contenu et éviter de subir comme contre Oyonnax précédemment. L’ASBH démarre avec frénésie cette rencontre, les Sapiacains encaissent les franchissements des locaux. Épatant système héraultais sur cette rencontre, fruit d’un soutien permanent, d’une volonté symbolisée par un état d’esprit confirmé. Savenaca Rawaca, affûté comme la plupart de ses coéquipiers de la ligne de trois-quarts, ira à la conclusion d’un mouvement délicieux. Après qu’Adrien Latorre meubla le score avec son habituelle réussite, Béziers vire en tête à la pause (19-6), se laissant une marge de sécurité et arborant une convoitise permanente de faire vivre ce ballon un peu partout sur les quatre coins du terrain. Déclic, confiance, appétit, un peu de tous ces ingrédients qui au final, amènent ce premier acte de bonne facture face à des Montalbanais bousculés sur tous les compartiments.
OFFENSIF EN BONUS
Les Tarn-et-Garonnais réagissent classiquement, mais plutôt en ordre dispersé. La faute à une ligne défensive des biterrois de haute tenue ainsi qu’un potentiel de gratter des ballons au sol au-delà de la moyenne. Pourtant le rythme s’étiole quelque peu. Logique après avoir ferraillé à Perpignan cinq jours seulement avant ce duel, mais David Aucagne et son staff ont choisi d’aligner le même XV titulaire. Un choix déterminant. Après avoir préservé ardemment ses 22 mètres, Montauban finira par s’écœurer devant autant d’hardiesse et d’énergie déployée. Les visiteurs pourtant revigorés après trois succès consécutifs ne purent que constater les dégâts. Jarod Poï illustrera à merveille cette tendance, lui qui finira par donner le tournis à une défense montalbanaise aux abois. Il était dit que cette soirée finirait sous les meilleurs auspices. En mettant hors du coup l’USM, Béziers détenait la possibilité d’aller chercher un bonus offensif. Si cela pouvait paraître présomptueux dans la semaine, le doute n’était plus permis au plus fort de la rencontre. Emmené par presque l’intégralité de ses coéquipiers, Clément Bitz plongera dans l’en-but sous un fracas de voix qui déchirera le silence assourdissant et tellement triste de Raoul-Barrière. (36-9) score final, l’ASBH enchaîne pour la première fois de la saison deux succès consécutifs, une aubaine avec la manière qu’on se le dise.
Comment ne pas mettre la lumière sur le contenu, la circulation du ballon, les franchissements nombreux et variés de la soirée. Si les avants ont souvent été mis à l’honneur, ne boudons pas notre plaisir de renvoyer la pareille à la ligne de trois-quarts et à son entraîneur Sébastien Logerot. Les courses furent précises, le timing souvent pertinent, Plazy et Rawaca n’ont jamais touché autant de service, signe d’une farouche volonté d’attirer les extérieurs et de déplacer une massive formation de Montauban. Il faut retenir cette prestation soignée, espérée serait-on tenté de dire. La minutie qu’exige le jeu courant, le travail effectué dans la semaine, hier soir s’est concrétisé. Et si le match référence n’existe jamais, n’occultons pas ces attitudes dominantes, ces regards observés, cette justesse dans la prise de décision. Alterner le jeu, la charnière l’a assumé. Apporter des différences, plusieurs individualités ont marqué les esprits. Si tout cela ne serait pas possible sans la robustesse des avants biterrois toujours aussi consistants, force est de constater que l’ASBH peut envisager un avenir paisible. Et dieu sait que cela part de loin, nous ne referons pas l’histoire.
Rémy RUGIERO