Stade de la Rabine, non loin des ultimes instants, Pierre Popelin claque un drop qui scelle la victoire du RCV face à l’ASVH. Un scénario cruel, délirant et fantasque au regard de l’avance prise par les Biterrois au cours de la rencontre. Et pourtant, les troupes de David Aucagne doivent se contenter d’un bonus défensif. Maigre butin après un tel combat. Explications.
Attitudes offensives qui s’expriment
Après la première coupure de la saison, quoi que déjà tronquée çà et là par un fichu virus persistant, Béziers se déplaçait en terre Bretonne dans l’espoir de rivaliser avec Vannes, figure devenue incontournable du Prod2. Sans oublier le lointain déplacement en bus et toutes les commodités qui vont avec, les Rouge et Bleu prirent leurs quartiers, en préparant comme à l’accoutumée leur plan de bataille. Le premier acte démontra à nouveau une certaine capacité à s’exporter. Pourquoi ? Suite au déplacement à Biarritz, prétendant à l’étage supérieur également, les Héraultais avaient déjà appliqué un rugby courageux entrecoupé d’éclats à peaufiner. Certes le résultat ne fut pas escompté, mais la route n’était pas si tortueuse que certains pourraient l’imaginer. Thibaut Bisman, en bon capitaine, menait les siens sur quelques mouvements bien sentis. Morgan Eames, la bonne pioche du recrutement, filait en dame après une séquence de toute beauté. Mieux, Nicolas Plazy galopait sur son aile pour déposer la défense Vannetaise et inscrire un essai supplémentaire sur une contre-attaque rondement menée. Pragmatiques serait-on tenté de dire, les Biterrois compilaient les points et l’espoir grandissait. Vannes, un peu à l’Ouest sans jeux de mots, tiltait et se trouvait en totale perdition dans le secteur de la touche. 20-9 à la pause, Béziers s’installe dans la partie, produit du jeu, démontre une solidité globale, la suite était attendue avec impatience.
La réplique était évidente et n’étonnera personne. Spitzer devant certainement remuer un vestiaire amorphe à domicile, la réponse du RCV allait venir. Pas tout de suite malgré tout, une série de coups de sifflets de part et d’autre, une désorganisation voire une panique dans la conduite de jeu contraindront les visiteurs à se faire peur. Jusqu’à quelle limite ? Tristan Tedder ajustera bien un drop d’école pour le 26-9 et une grosse demi-heure à disputer, l’immense majorité des supporters pouvaient envisager un gros coup à la Rabine. Patratra, le château de cartes s’écroule et les minces certitudes acquises aux forceps voleront en éclats. Monsieur Chérèque sévira à plusieurs reprises, à plus ou moins bon escient chacun y verra son interprétation. Le carton jaune adressé à Adrien Latorre est un modèle du genre d’incompréhension. Problème, le RCV se réveille, trouve l’avancée et profite des supériorités numériques pour marquer deux essais imparables sur l’aile de Maxime Espeut sacrifié quelques minutes auparavant pour faire le nombre en mêlée. De quoi rougir de colère, les derniers instants sont insoutenables, Béziers subit, recule, perd le fil inexorablement tandis que le banc Breton assène des coups de butoirs avec comme chef de file Nick Abendanon en personne. La fin est connue, la liesse s’empare des tribunes au détriment de Biterrois désespérément abattus.
Ne pas vaciller
Déception logique, Béziers aurait dû ramener la victoire et s’offrir une immense bouffée d’oxygène dans la perspective d’un bloc intense à trois déplacements. Mais parlons de signes, d’attitudes, de perspectives. Certains parleront de faute professionnelle, c’est leur droit absolu. D’autres envisageront que les Rouge et Bleu ont pu rivaliser à Biarritz et Vannes. Avec l’apport conséquent de jeunes qui s’affirment visiblement. Des espoirs qui grandissent aussi dans la défaite et qui souhaitons-le, prendront encore plus de maturité à l’avenir. Après cette folle intersaison, le doute était possible, le groupe a souffert des atermoiements dont il n’était pas responsable. Le staff compris. Si comptablement, Béziers n’est pas dans les clous, des promesses non négligeables sont venus se greffer. Le contexte est connu de tous, le budget toujours plus restreint aussi. Ces indicateurs sont à prendre en considération mais il ne faudrait pas occulter non plus qu’un championnat comme le Prod2 est exigeant. L’ASBH est revenu au statut-quo ou presque au classement britannique. La réception d’Aurillac sera cruciale à plusieurs titres. Plus le droit à l’erreur, la pression doit être évacuée car la situation exige déjà des points. Nul doute que la récupération sera au centre des préoccupations, mais cette équipe mérite l’adhésion de tous. Par sa spontanéité et parce qu’elle ne triche pas, et c’est déjà beaucoup.
Rémy RUGIERO