Moins d’un an après son arrivée en France et à Béziers, Rugbiterre a choisi de vous faire découvrir Gabriel Martin Bocca. Garçon vaillant, toujours prêt à aller au combat, il est arrivé dans des circonstances particulières mais est attaché au club. Rencontre.
Il est un homme arrivé en janvier dans l’anonymat le plus total. Alors que l’ASBH entame une période cruciale pour la suite du championnat, le président annonce l’arrivée d’un renfort en joker de Mathieu Gouagout. Un garçon expérimenté mais avec peu de clubs à son compteur. Un français qu’il bafouille encore, c’est dans sa langue natale que Gabriel Bocca se raconte.
Une approche typique.
Né en juin 1977, Bocca est né et a étudié dans sa ville de Buenos Aires. Et c’est d’ailleurs sur ses terres natales qu’il commence à toucher au ballon « J’ai découvert le rugby grâce à mon père qui jouait occasionnellement, et aussi grâce à la télévision et à mes amis. » Et puis, de fil en aiguille, Gabriel fini par s’inscrire au Pueyrredon Rugby Club, situé à Boulogne-sur-mer, dans la province de Buenos Aires. Durant plusieurs années, il évoluera dans le tournoi URBA (tournoi entre les différentes équipes de Buenos Aires) puis décida de partir de son club de cœur.
L’arrivée en Italie : Le franchissement d’un palier.
Les bagages fait, Gabriel Bocca prend la direction de l’Italie et de Calvisano (Province de Brescia). Un départ qu’il a mûrement réfléchi, mais qu’il ne regrette en aucun cas « C’était vraiment une décision difficile de venir. Durant trois années, les agents m’ont proposé de venir mais je n’arrivais jamais à me décider jusqu’à ce que je décide finalement de tenter ma chance. Je ne regretterai jamais une telle expérience ! C’était l’une des meilleures décisions de ma vie. » Avec les italiens, il se forge très rapidement une expérience, devant répondre aux exigences de la Hcup.
Pour son premier match, il doit affronter la mêlée du Leinster…Rien que ça ! Au milieu des grands d’Europe, Bocca vient défier…Béziers en 2003 ! Un match qu’il garde en mémoire, tout comme le rugby italien… « Je garde un très bon souvenir. Nous avons gagné un match très important à La Méditerranée, peut-être l’un des résultats les plus importants de l’histoire du club et même pour le rugby italien en général car c’est le premier match de H Cup qu’un club italien gagne à l’étranger … Exactement huit année plus tard, le même jour, j’ai signé mon contrat qui me lie à l’ ASBH ».
Mais avant de revenir sur les berges de la Méditerranée, il passe de longues années en Italie « Je suis arrivé en Août 2001 et je suis parti en Juillet 2009. C’était plein de bonnes expériences. Il y a l’évolution en tant qu’athlète professionnel parce que j’ai été en mesure de jouer beaucoup de matchs H Cup, Challenge européen… J’ai également remporté 2 championnats d’Italie de première division et souvent été vice-champion. » Avec presque 100 matchs au compteur avec le club italien, Gabriel Bocca ne peut en ressortir que grandi « C’était plein d’expériences positives. C’est un club avec une structure et une mentalité enviable.J’ai donné et ai reçu beaucoup de Calvisano… C’était aussi les premières années où Calvisano était dans la haute concurrence et l’un des meilleurs clubs d’Italie. »
Deux années mitigées.
Un passage de 8 années en Italie qui attira l’attention des London Wasps. Mais son départ de Calvisano est flou «Calvisano était tombé en deuxième divisons dans le rugby italien (problèmes politico-économiques). Ils m’avaient proposé de rester, mais je savais que le temps était venu de relever de nouveaux défis et d’en chercher un sérieux. Les London Wasps sont venus me faire une proposition et je n’ai pas hésité. »
Un nouveau départ pour l’argentin. Sur le plan comptable, pas énormément de matchs joués dans un grand club anglais mais il relativise tout « Je ne vois pas cela comme ça.Pour moi chaque match que je joue est d’une importance particulière. Je suis arrivé et deux jours plus tard, j’ai été titulaire pour le premier match amical. Le début de saison avec 5 matchs comme démarreur, ne s’est pas interrompu contre les Harlequins devant 80 000 personnes (premire titularisation en championnat) ! Je ne peux pas considérer que j’étais malheureux car j’ai joué au total 19 matchs, titulaire ou remplacent. »
Une deuxième expérience européenne en demi-teinte donc qui aboutira sur un retour en Italie, à Prato. L’aspect sportif n’a pas été un élément primordial dans sa prise de décision, priorité au
sentimental et familial « Le désir d’être près de ma famille m’a emmené à prendre la décision de retourner à la péninsule italienne. » Un retour au pays de son éclosion qui lui permet de reprendre du poil de la bête. 17 matchs, 17 titularisations, une saison quasi impeccable en championnat (Prato termine second de la phase de qualification) mais l’aventure s’arrêta en demi-finale du championnat. « Nous avons joué une très bonne saison. Malheureusement, échouer en demi-finale nous a rendu triste. Dans la vie, il arrive si souvent que les résultats ne soient pas comme prévu. La chose importante est de ne pas abandonner. »
Sept mois sans jouer
Et puis, Gabriel Bocca décide de ne pas prolonger avec Prato. Encore des choses un peu floues « La saison suivante, j’ai décidé de ne pas démarrer la saison suivante avec Prato pour des raisons personnelles qui me liaient à la province de Brescia (Calvisano). Après avoir résolu les problèmes de club, j’ai commencé à chercher un nouveau club et je me suis présenté à l’ASBH. » A cause de ses problèmes, l’argentin s’est retrouvé sans club entre juin 2011 et janvier 2012. Six mois sans club, mais sept mois sans jouer. En effet, avant qu’il ne refoule les terrains, le 21 janvier à Albi, son dernier match remontait au 22 mai 2011 et une demi-finale perdue contre Petrarca.
Nouveau départ à Béziers.
Et puis, l’opportunité biterroise s’est présentée. « C’était une belle surprise et je n’ai pas douté, j’ai pris l’avion, je me suis entraîné avec l’équipe l’après-midi et ce soir-là ça a été la signature du contrat. » C’était le 18 janvier dernier. L’ASBH était pourtant mal en point déjà à ce moment là de la saison mais cela ne l’a pas dérangé « J’ai senti que l’atmosphère était tendue, mais j’aime les défis et contribuer positivement à résoudre les problèmes. » Il arrive motivé, ce qui paraît normal au vue des événements qu’il a vécu les derniers mois.
Son arrivée fut un peu précipitée mais il a plus qu’assuré l’interim, prenant part à 12 des 15 derniers matchs de la saison. Et c’est peut-être la saison galère qui lui a permis de s’impliquer énormément. «Évident que je suis attaché au club ! Si je ne me sentais pas concerné par le projet, je n’aurais pas signé pour le club. Encore une fois, si l’enthousiasme et la passion ne vont pas avec mon travail je ne peux pas me relier à quelque chose. »
Preuve de son attachement au club, il fut un des premiers « cadres » à re-signer pour la saison suivante malgré l’attente de la division et malgré l’éloignement avec l’Argentine « Je le répète, les dirigeants m’ont fait part du projet et je me reconnaît dans ce nouveau projet. C’est difficile de résister à la tentation et de faire partie de l’histoire de ce club. »
Mais pour l’instant, on ne peut pas dire que ce soit une des meilleures périodes de l’histoire du club. Gabriel Bocca prend ça avec une certaine philosophie « Tout change dans la vie et les modifications doivent faire face avec courage et enthousiasme. Mon rôle en tant que joueur est de m’adapter à chaque situation et chercher toujours à aller de l’avant. C’est ma devise. »
Comme la coutume le veux, en conclusion de cette entrevue, le pilier argentin adresse un mot aux supporteurs « Je voudrais vous adresser de sincères remerciements pour me faire sentir ce que signifie la chaleur du public français. L’ année dernière, nous étions dans le fond du classement de prod2 et vous étiez 4 000 dans le stade. Chaque fois que je vous vois, je vous remercie. Vous faites la force du club et vous nous aidez à aller de l’avant. »