La saison de Béziers s’est achevée samedi après-midi sur la pelouse de Mont-de-Marsan (31-23). Des regrets, il peut y en avoir… Mais surtout, ce match de barrage est une étape supplémentaire dans la progression de l’ASBH, entamée en 2011. Retour sur ces sept dernières saisons qui ont, d’échecs en succès, mené le club là où il en est aujourd’hui.
C’est donc au coeur des Landes que le fabuleux parcours de l’ASBH a pris fin, samedi après-midi. Une série de huit victoires consécutives qui s’est achevée par une élimination en match de barrage, synonyme de fin de saison. Cruel mais logique. Car Béziers jouait là son premier match à élimination directe depuis sept ans, faut-il le rappeler. Alors, le public s’est mobilisé. Et c’est une véritable transhumance Rouge et Bleu qui a convergé unanimement vers Guy-Boniface. Tant pis pour les 11 heures de bus que cela nécessite. Il ne fallait pas manquer ce rendez-vous que les fidèles de la tribune de Face et d’ailleurs attendaient depuis tout ce temps.
PINPINS, FRIGO, « VOUS NE JOUEREZ JAMAIS SEULS »…
Car entre le 25 juin 2011, jour où François Ramoneda a soulevé ce trophée Jean-Prat sur la pelouse de Sapiac, et ce samedi 21 avril 2018, il s’en est passé des choses, de la crainte du retour dans le monde amateur au tutoiement d’une montée dans l’Elite. 2492 jours durant lesquels les dirigeants, entraîneurs, joueurs et supporters se sont posé des questions, ont souffert, ont pleuré, ont fait entendre leur voix, ont déserté le stade… mais aussi durant lesquels ils ont copieusement garni les travées de La Méditerranée lors des grands rendez-vous et su saluer les performances de ceux qui ont fait briller ce blason aux onze Brennus.
Au sortir de cette élimination, que le temps nous semble loin quand on regarde en arrière. Comme ce premier match en Pro D2, à Dax, un dimanche 4 septembre (défaite 23-11). L’aventure biterroise en deuxième division a commencé dans les Landes. Joli symbole que de voir l’ASBH franchir un cap dans ce même département. Les « pinpins du dimanche » se souviennent aussi de ce frigo dans lequel ont refroidi pendant un moment certains de ceux qui ont porté le club à son statut actuel. Les Ramoneda, Chevtchenko ou autre Gmir viennent pourtant de laisser l’ASBH aux portes du Top 14. Visionnaire. Comme lorsque le passage devant la Tribune de Face faisait perdre de l’influx. Peu doivent aussi se souvenir de ce 4 février 2012 : un Béziers – Aix-en-Provence au menu du samedi soir. La carte n’aura attiré que 2500 gourmands de ballon ovale. « Vous ne jouerez jamais seuls » qu’il était écrit en bas du carré D. Le groupe l’avait compris. Le club aussi. Ce fût la plus faible affluence depuis la remontée. Désaimée, l’ASBH n’a jamais été lâchée. JAMAIS !
EDMONDS : ENTRE PROFESSIONNALISATION ET SORTIE PAR LA PETITE PORTE
Le chapitre de la marque de vêtement pour entraîner n’aura pas été facile à digérer. Doit-on rappeler que son salut ne tient qu’à la relégation administrative de Bourgoin ? Mais qu’importe. Il y avait toujours du rouge et du bleu en tribune au moment de se déplacer à Auch ou encore à Tarbes lorsque les Claude Saurel et Papy Fort ont endossé le costume de pompier de service. Ce fût court. Ce fût intense. Mais ce fût un échec. Et le club était au fond du trou, croupissant à la 14e place. Un échec, parmi tant d’autres, qui a poussé à la remise en question, au point d’arrêter les recours « maison » et d’aller trouver des solutions ailleurs. Un an et demi de perdu dans la progression, quand une montée en Top 14 cinq ans après le retour en ProD2 était envisagée.
Mais, « chi va piano va sano… e va lontano ». Après cette période de tâtonnements, Béziers a entamé sa mue. L’évolution de l’ASBH est à mettre au crédit d’un homme : Manny Edmonds. Que ce soit aux côtés de Christophe Hamacek ou de Romain Carmignani, l’ancien demi d’ouverture a transformé le club, améliorant salles de musculation, vidéo ou même les lieux de vie quotidienne des joueurs. Le développement du staff n’est pas non plus étranger à celui qui aura dirigé l’ASBH entre novembre 2012 et décembre 2016. C’est aussi lui qui aura fait à nouveau vibrer le public, à coups de deuxième place au classement au soir d’une victoire à Dax, le 15 janvier 2016, ou encore lors d’un déplacement à Montauban, décisif pour la qualification en demi-finale la même année.
4 ans à la tête du sportif malgré quelques remous internes, officialisés par Pierre-Olivier Valaize après un mémorable 49-7 encaissé à Bourgoin en mai 2015 : « Il faut mettre les entraîneurs devant leurs responsabilités. Ils ont toute la confiance et toute la liberté d’action depuis deux ans et demie et ils se sont brûlés. Aujourd’hui, les joueurs ont exprimé leur ras le bol sur les divergences de vues des entraîneurs depuis plusieurs semaines notamment sur le projet de jeu. »
L’ancien catalan sera sorti vainqueur de la bataille des idéologies rugbystiques. Mais le coup d’éclat de la saison 2015-2016 restera sans suite. La méthode australienne ne fonctionne plus. Béziers repart dans ses travers. Le 9 décembre 2016, Biarritz vient gagner à La Méditerranée. En tribunes, ce sont les sifflets qui se font entendre. Béziers est au fond du seau : 15e avec 3 points de retard sur le premier non-relégable. L’ultimatum fixé contre les Basques aura été vain. Edmonds, porté en triomphe quelques mois plus tôt, sort par la petite porte. Mais l’ASBH lui doit beaucoup.
FINI LES CHAMPIONS DE 2011
La réaction de la Direction aura été rapide. Après Noël, David Aucagne et David Gérard sont intronisés pour prendre la suite. L’expérience paloise associée aux habitudes du rugby féminin. Improbable sur le papier, cohérent sur l’humain. Et efficace. En un mois, les Rouge et Bleu sont redressés. Début février, il est l’heure de consolider les bases et de préparer déjà l’avenir. Un avenir qui s’est donc écrit entre le 17 août 2017 et le 21 avril 2018, mais qui aura donné des sueurs froides aux fidèles Rouge et Bleu. Car le spectre de la relégation est encore réapparu. A croire que Béziers est condamné à faire avec, qu’importe les coachs. Benetton, Saurel-Fort, Edmonds-Hamacek/Carmignani, Aucagne-Gérard… tous sont passés par cette angoisse.
Mais les ressources nécessaires ont été trouvées. Peut-être parce qu’il n’était pas concevable pour tout un groupe de laisser partir François Ramoneda, Simon Chevtchenko et Sabri Gmir sur ce genre de saison. Impossible que ces trois piliers de l’ASBH ne quittent pas le club sans l’avoir laissé plus haut que là où ils l’ont trouvé. Aujourd’hui, c’est mission accomplie. Ils ont monté le club en ProD2, ils le laissent aux portes du Top 14. Seule l’accession dans l’Elite leur aurait offert une sortie encore plus belle.
Le club tourne une page de son histoire. Les larmes de Simon Chevtchenko lors de sa sortie à Guy-Boniface en disent long… Désormais, plus personne dans le groupe professionnel n’a connu l’enfer de la troisième division. Les déplacements à Monteux, Bédarrides, Chateaurenard, Lavaur, Marmande, Grasse… Si ce n’est les supporters, garants de ce passage dans le monde amateur. Les années passent, les équipes changent mais Rugbiterre reste, grandit et franchit les paliers en même temps que le club. De sa création lors de la descente à la ferveur au moment de jouer le barrage, en passant par l’engouement suscité par le Jean-Prat et les mises en alertes dans certains moments compliquées, la mémoire de cette renaissance de Béziers continuera d’œuvrer pour l’ASBH, même si cela doit passer par des divergences avec les choix effectués. Comme c’est le cas depuis bientôt 10 ans.
Le flambeau a été passé. La flamme s’est bel et bien rallumée au dessus de La Méditerranée, alors qu’il ne restait presque plus que des cendres à certaines périodes. Désormais, c’est un tout nouveau chapitre de l’Histoire de l’Association Sportive Béziers Hérault qui va s’écrire. Qu’il soit plus merveilleux que celui qui vient de se refermer…
Maxime GIL