L’ASBH vendue, Andrew Merthens dévoile le projet : « Là pour que le club reste Biterrois »

07/11/2024

Depuis quatre ans, l’impatience était de mise. Le dénouement est enfin arrivé. C’est peu dire que Robert Ménard était bien encadré ce jeudi après-midi à la brasserie Chez Raoul, au stade Raoul-Barrière. Aux côtés du maire de Béziers, deux légendes du rugby mondial : Andrew Merthens d’un côté, Bob Skinstad de l’autre. Le premier revenait à Béziers 11 ans après son départ, le second était officiellement présenté pour la première fois aux Biterrois.

Après les rumeurs et les quasi-officialisations des dernières semaines, l’heure était enfin venue pour le premier édile d’acter définitivement ce qu’il attendait depuis le rachat du club en 2020 : la vente de l’ASBH à un propriétaire privé. « Vous ne pouvez pas savoir comme je suis content », s’est satisfait le maire. « C’est le résultat de quatre ans de travail », ponctués par « des résultats sportifs qui sont ceux qu’ils sont ». Surtout, Robert Ménard ne s’en est pas caché : « La ville vend le club exactement aux gens dont on avait besoin. »

« En Top 14 le plus vite possible »

Dans le détail, ce sont 75% du club qui sont vendus à la société irlandaise Strangford Capital, dans laquelle travaille Eddie Jordan, iconique ex-patron de F1(notamment de Michael Schumacher). Le consortium rachète donc la quasi-totalité de la part que détenait la SCIC. Certains petits actionnaires privés restent toujours et la ville conserve 2%. « Nous donnons 1,5 million d’euros par an au club. Il nous semblait normal que la ville garde un œil quand elle donne tant d’argent », a justifié l’édile, annonçant que trois personnes siègeront toujours au Conseil de surveillance du club pour représenter la ville.

Côté projet, Andrew Merthens et Bob Skinstad n’ont pas fait grimper les supporters au rideau. Prudence est de mise. Sur le budget, aucune hausse immédiate et conséquente n’est à attendre. « Nous avons eu des attentes de l’A2R (ex-DNACG) qui n’a pas voulu que l’on soit trop ambitieux », a justifié l’ancien numéro 10 biterrois. Pas de révolution financière, donc, ni sportive. Reste que l’ambition est là : « Il n’y a pas de délai mais on veut monter en Top 14 le plus vite possible. » Un délai de trois à quatre ans est visé, même si « ça ne veut pas dire que c’est un échec si on ne monte pas. » « Normalement, on sera en compétition pour pouvoir monter, » veut-il croire.

La gestion quotidienne déléguée à Howard

Pour parvenir à ses fins, le nouveau duo -épaulé de Johnny Howard- « ne veut pas tout jeter, tout changer. On est là pour ajouter quelque chose », a expliqué Merthens, indiquant vouloir faire une « analyse (sportive) dans les prochains mois. » Tout en respectant une ligne rouge : « Nous ne sommes pas là pour créer un club étranger. Nous sommes là pour qu’il reste Français et Biterrois. » Tous deux souhaitent cependant s’appuyer sur leur réseau respectif « pour trouver des joueurs qui veulent s’investir et faire partie d’un beau projet », n’excluant pas de recruter à l’étranger. « S’il arrive que nous ayons des joueurs sud-africains qui veulent s’impliquer, ils viendront », tranche le Néo-Zélandais.

Leur réseau, les deux anciens internationaux veulent aussi s’en servir pour nouer de nouveaux partenariats. Andrew Merthens a d’ores et déjà annoncé qu’il continuerait de vivre à Paris, tandis que Bob Skinstad sera toujours à Londres. Quant à Eddie Jordan, ce dernier doit d’abord régler des soucis de santé mais entend aussi faire jouer son carnet d’adresses. « Il a un réseau énorme dans le monde (affaires, sportif, musique et concerts). Il a plein d’idées, il touche à tout. On est chanceux d’avoir un tel mec impliqué dans le projet », a vanté Merthens,

Les trois têtes pensantes étant à distance, la gestion du quotidien sera déléguée à Johnny Howard. L’ex-demi-de-mêlée biterrois, partenaire de charnière avec Merthens l’année de la remontée de Fédérale 1, sera chargé de la gestion des affaires courantes. Dans un premier temps, aux côtés d’Arthur Bachès, actuel directeur général. Mickaël Guedj et Hervé Billaud restent par ailleurs, pour l’heure, toujours à la présidence du club. A terme, ces derniers devraient être remplacés par Merthens et Skinstad.

« Pas là pour s’en aller dans 18 mois »

Si l’histoire semble aussi inespérée qu’inattendue, Andrew Merthens a dévoilé les coulisses de ce projet : une discussion « il y a longtemps » avec Johnny Howard sur un projet à Béziers, « sans imaginer le rachat » ; des échanges avec Bob Skinstad lors de la Coupe du monde ; ce dernier qui fait part des velléités des ex-pro à Eddie Jordan, propriétaire d’une maison à Cape Town (Afrique du Sud) où réside et a joué l’ancien deuxième ligne.

Une alliance internationale qui n’a pas manqué de susciter quelques craintes. Mais Andrew Merthens a voulu être rassurant : « les investisseurs ne sont pas là pour dire qu’ils s’en vont dans 18 mois après avoir fait de l’argent. » « J’ai joué trois ans ici. Ça m’a touché de jouer avec une équipe fière. J’ai trouvé de la passion ici. Il y a la passion, le plaisir, la région, il y a tout : il ne manque rien », a-t-il affirmé. Sauf des repreneurs avec un projet. Mission désormais remplie.