On a voulu y croire. Bêtement. Ou plutôt, par passion. Et parce que malgré tout, les joueurs avaient encore leur destin entre leurs mains. Une victoire pouvait suffire, le bonus ouvrait assurément les portes d’un nouveau barrage. Une semaine d’adrénaline en plus. Pour tous. D’un côté, un groupe qui retourne jouer les phases finales : quoi de plus logique un an après avoir déjà prolongé le plaisir à l’issue de la phase régulière ; de l’autre, des supporteurs qui trépignent d’impatience, des bus qui se remplissent, une ferveur qui monte crescendo toute la semaine pour retrouver l’odeur des phases finales… bref, le charme du mois de mai. On a voulu y croire.
SANS OFFENSIVES NI ESPRIT DE REVOLTE…
Mais ça a été la douche froide. Une défaite cinglante, sans appel, au prix d’une deuxième mi-temps durant laquelle Béziers n’a pas existé, étouffé par une équipe de Bourg-en-Bresse en furie (27-6), dans un stade en fusion, pour aller chercher le maintien. En vain. La joie n’était pas le maître-mot dimanche, sur les coups de 16h30, chacun étant le dindon de la farce. Pire, l’ASBH, qualifiable, ou aux portes de la qualification, depuis début décembre, termine 8e.
A vrai dire, ce déplacement sur la pelouse de l’USBPA a été le parfait symbole de la saison 2018-2019 des Biterrois. Une équipe capable d’être dans son match avant de totalement craquer (3-6 à la mi-temps), une attaque aussi tranchante qu’un couteau à beurre et un esprit de révolte et de résistance qui ferait se retourner Jean Moulin dans sa tombe. Mont-de-Marsan, Brive, Carcassonne, Aurillac, Angoulême… autant de déplacements durant lesquels Béziers est passé à côté. Complètement. Sans parler de la rageante défaite à Aix-en-Provence à la dernière minute…
Pourtant, à plusieurs reprises cette saison, les Rouge et Bleu ont fait preuve de caractère et sont parvenus à se sublimer. Mais à croire qu’il fallait que ce groupe soit systématiquement au pied du mur pour se réveiller (à Colomiers, Biarritz, Montauban ou encore Bayonne et Massy). Une irrégularité dans les résultats qui aura coûté cher. Trop cher.
LE PLUS FAIBLE NOMBRE D’ESSAIS DU CHAMPIONNAT
Mais la qualification ne se perd pas à Bourg-en-Bresse, loin de là. Bien que ce match soit symptomatique, le championnat s’est joué avant. Impensable de voir Béziers terminer à mi-classement avec autant de victoires que trois des six clubs qualifiés (17), et même une de plus que Mont-de-Marsan et Nevers (5e et 6e). Pire, Biarritz, qui termine 7e, ne compte que 15 succès. La différence ? Les Biterrois n’ont ramassé que quatre bonus cette saison : un petit offensif et trois défensifs. Le plus faible total en ProD2, même derrière Massy pour qui la saison s’est apparentée à un long chemin de croix. Constat édifiant.
D’autres chiffres témoignent d’une saison en-dessous des ambitions présidentielles affichées l’été dernier. On ne peut éluder ce nombre affligeant de 49 essais inscrits cette saison : le plus faible en ProD2 ! Au regard des stats d’Oyonnax (97), Brive (91), Bayonne (81), Vannes (68), Mont-de-Marsan (67) et Nevers (65), Béziers n’était clairement pas invité à la table des phases finales. Seule légère éclaircie au tableau, la défense : l’ASBH se classe 6e meilleure équipe dans ce domaine.
42% DES POINTS… GRÂCE A DES PENALITES
Satisfaction d’avoir un buteur fiable ou désespoir d’avoir une ligne de trois-quarts inoffensive, les Biterrois ont inscrit 43% de leurs points grâce à des pénalités… seul Bourg-en-Bresse a un ratio supérieur (44%). Soit 57% des points inscrits grâce à des essais et transformations. Chez les qualifiés, les ratios sont notamment supérieurs : Oyonnax (78% des points marqués grâce à des essais et transformations), Brive (72%), Bayonne (74%), Vannes (66%), Mont-de-Marsan (65%) et Nevers (66%).
Alors, la question peut être posée : quand bien même Béziers se serait qualifié en barrage, à quoi bon ? Si l’on peut toujours s’accrocher à la sublimation des phases finales, la chute n’aurait pu être que plus lourde. Car même s’il a été performant tout au long de la saison, véritable satisfaction aux yeux de tous, le paquet d’avants a été en grandes difficultés à Bourg. Et n’aurait pas pu tenir la baraque à lui seul. Signe qu’il était peut-être temps que la saison se termine.
Maxime GIL