Un début de saison tonitruant, deux victoires contre Agen et Oyonnax. Et puis, plus rien. (Presque) le néant. Les Biterrois se sont totalement métamorphosés… mais pas dans le bon sens. A tel point qu’aujourd’hui, les hommes de Manny Edmonds flirtent avec la zone de relégation. Et font remonter les vieux souvenirs de la période pré-Edmonds.
« Cinq défaites consécutives, un point sur le deuxième bloc, la crise ? » La question a ouvertement été posée à Manny Edmonds après la défaite contre Mont-de-Marsan (9,17), il y a quinze jours. Mais l’entraîneur australien réfute l’idée, se fendant d’un simple : « On n’est pas joyeux, c’est sûr. ». Et il y a de quoi. Car les Rouge et Bleu ne sont plus que l’ombre d’eux-même. Prometteurs en début de saison, ils se sont totalement écroulés depuis mi-septembre.
Avant son déplacement à Carcassonne (9 septembre, défaite 17-9), l’ASBH était seule en tête de la ProD2 (9 points), avec trois unités de plus que son premier poursuivant : le Stade Aurillacois Cantal Auvergne. Mais les Biterrois n’ont jamais fait accroître leur avance. Si la victoire contre Albi (23 septembre, victoire 36-15) a permis de relancer la machine après un premier coup de mou suite aux défaites dans l’Aude et à Angoulème (16 septembre, défaite 21-6), ces cinq points acquis contre les Tarnais n’auront été qu’une illusion. Depuis, les résidents de La Méditerranée n’ont plus goûté aux joies de la victoire. Deux mois sans lever les bras après 80 minutes de jeu. Une éternité pour un club qui ambitionnait ouvertement avant le début de la saison d’aller chercher une demi-finale. Un objectif légitime au vue de la dernière saison et qui semblait être en passe d’être réalisé. Car Béziers et son jeu léché régalaient et le rouleau compresseur s’était très rapidement remis en marche. Trop rapidement peut-être ? La machine va vite se gripper et les mécaniciens Edmonds et Carmignani n’ont toujours pas trouvé les bons outils pour la réparer. Dans un championnat le plus serré de ces dix dernières saisons (jamais un leader n’avait eu aussi peu de points après onze marchs, faut-il le rappeler), les évolutions au classement vont vite, qui plus est en début de championnat. Et l’ASBH en fait les frais, connaissant une chute vertigineuse de neuf places en quatre journées. Il faut dire qu’au delà de l’enchainement de défaites (huit en neuf journées), les Rouge et Bleu n’ont grappillé que deux petits points de bonus défensifs… Et les deux à l’extérieur, sur la pelouse de Narbonne (7 octobre, défaite 23-22) et ce vendredi à Colomiers (défaite 15-12). Le plus faible total de points acquis sur cette période que n’importe quel autre club…
ATTAQUE EN BERNE, DÉFENSE QUI SE RELÂCHE
Un constat purement comptable inquiétant, accentué par les difficultés éprouvées dans le jeu. Une mêlée en souffrance, bien que les avants aient largement dominé leurs adversaires vendredi sur la pelouse de Michel-Bendichou, et une touche qui ne donne pas satisfaction. Bref, côté fondamentaux, la copie est à revoir. Chez les trois-quarts, les attaques ne sont plus aussi tranchantes et il est rare de voir les Biterrois créer des brèches et casser les défenses adverses. L’allant offensif ayant fait la réputation des Rouge et Bleu la saison dernière n’est plus. La faute à qui ? A quoi ? Une crise de confiance apparue au lendemain d’un derby narbonnais qui n’aurait jamais dû échapper à Béziers et qui a provoqué une sacré gueule de bois dans la cité de Paul Riquet. Le tout, suivi d’un catastrophique match contre Perpignan, le week-end suivant : carton rouge contre Josh Valentine, suspension de Manny Edmonds pour douze semaines, un match à zéro point. La pilule a eu du mal à passer, d’autant que c’est sans surprise que les Héraultais sont repartis à vide de leurs voyages à Montauban et Aurillac. Et histoire de bien se mettre la tête au fond du sceau, Mont-de-Marsan est venu empocher les quatre points à La Méditerranée en conclusion d’un bloc que les Biterrois devraient trainer comme un fardeau tout au long de la saison.
Les problèmes offensifs des Rouge et Bleu sont clairement traduis par les chiffres : sur les six dernières rencontres, l’ASBH est l’avant-dernière attaque du championnat, juste devant le CS Bougoin-Jallieu (88 pts marqués contre 84). Une chute vertigineuse lorsque l’on sait que Béziers avait la troisième attaque après la victoire contre Albi, inscrivant près de 24 points par match, contre moins de 15 depuis le 7 octobre. Dans le détail, les coéquipiers de Phoenix Battye ont surtout inscrit deux fois moins d’essais sur (4 contre 10) mais davantage de pénalités (20 contre 17).
Sur le plan défensif, les Biterrois sont, là aussi, moins performants. Mais les écarts sont moindres par rapport au début de saison. Béziers est à ce jour la huitième défense du championnat (contre une cinquième place après cinq matchs). Ce sont surtout les 70 points encaissés en deux rencontres du côté de Sapiac et de Jean-Alric qui ont plombé les statistiques des Rouge et Bleu, encaissant durant ces 160 minutes autant d’essais que sur les cinq premiers matchs.
BÉZIERS EN FIN DE CYCLE ?
Ce début de saison n’est pas sans rappeler l’état du club dans lequel Manny Edmonds et Christophe Hamacek l’avaient récupéré lors de leur arrivée le 7 novembre 2012. D’autant que pour leur premier match, à domicile face à Carcassonne, le duo de l’époque n’avaient pas connu le succès (défaite 10-14 contre Carcassonne, le 17 novembre 2012). Aujourd’hui, la situation est similaire : trois succès au compteur, pour huit défaites. Au classement, c’est à peine mieux. 16 points contre 15 et une position de 14e (à égalité avec le 15e), contre une place de premier non-relégable après l’arrivée de l’entraineur australien et de l’ancien coach de Tyrosse.
Mais la comparaison ne s’arrête pas là. Et c’est en attaque que la similitude est la plus frappante. Les Rouge et Bleu ont aujourd’hui inscrit 207 points depuis le début le saison, tandis qu’ils avaient passé la bagatelle de… 208 points à leurs onze premiers adversaires, il y a quatre ans. Une faiblesse offensive qui avait été endiguée avec le temps, trouvant son apogée la saison dernière, mais s’essoufflant depuis quelques semaines sur les bords du Canal du Midi. En revanche, la progression défensive est on ne peut plus nette avec 100 points d’écart (345 contre 241 aujourd’hui). La méthode Edmonds connait, en attaque, un sérieux coup d’arrêt, plus ou moins compensée par un rideau défensif qui, pour l’heure, n’a pas baissé pavillon. Un discours qui ne passe plus ? Une fin de cycle ? L’ex-ouvreur de l’USAP aura-t-il les clés pour remettre le navire à flots ? Seul l’avenir nous le dira.
[row]
[one_half]
[/one_half]
[one_half]
[/one_half]
[/row]
EXPÉRIENCE ET INDISCIPLINE OU JEUNESSE ET VIVACITÉ À LA MÊLÉE ?
Un avenir que Manny Edmonds commence déjà à écrire dans ses feuilles de matchs. Clairement, il affiche sa confiance envers les jeunes joueurs. Très impliqué dans la formation du club, l’entraîneur australien n’a jamais caché sa politique de recruter jeune et son implication dans les nouvelles arrivées au Centre de formation. Ce dernier est d’ailleurs considéré par l’ancien demi d’ouverture comme un réel vivier de joueurs pour l’effectif professionnel. Et il l’a prouvé sur ces six dernières rencontres : Reda Wardi (pilier, 21 ans), Zacaria El-Fakir (pilier, 19 ans), Baptiste Phalip (talonneur, 21 ans), Karl Wilkins (deuxième ligne, 20 ans), Gabriel Quesmel (troisième ligne, 21 ans), Quentin Libes (troisième ligne, 21 ans), Hugo Rodor (demi d’ouverture, 20 ans), Wesley Douglas (centre, 19 ans) ou encore Lucas Daminiani (arrière, 21 ans), ont eu sa confiance, sur un ou plusieurs matchs. A raison, surtout en première ligne.
El-Fakir a réalisé de grosses prestations (notamment vendredi soir) en mêlée fermée et s’affirme comme une alternative crédible à Vitolio Manukula et Alexandru Tarus. Mais pour l’heure, il n’a jamais été titularisé. A contrario de son compère Wardi qui a débuté trois matchs depuis le début de la saison (Carcassonne, Angoulème et Mont-de-Marsan) sur les quatre qu’il a disputé (avec Colomiers). Ses copies sont tout aussi propres et confirment qu’il est bel et bien en concurrence avec Francisco Fernandes et Timothée Lafon. Au poste de talonneur, Baptiste Phalip a vite été propulsé sur le devant de la scène pour pallier les blessures successives de Marco Pinto-Ferrer et Steeve Fualau. Rapidement, il a affiché des certitudes, tant dans le jeu qu’en conquête, qui ont pu rassurer Manny Edmonds. De son côté, Lucas Daminani a, à nouveau, goûté à la ProD2 dans la banlieue toulousaine. Après s’être révélé lors des deux premières rencontres (un essai contre Oyonnax), l’arrière n’avait plus été appelé par les coachs. Mais à Aurillac et Colomiers, l’ancien Narbonnais s’est, encore une fois, mis en valeur. Pour le reste, ce n’est qu’un maigre temps de jeu qui leur a été offert mais il pourrait bien s’accroître dans les semaines à venir tant Edmonds et Carmingnani misent sur la jeune garde biterroise.
Mais la principale interrogation concerne le poste de demi de mêlée. Josh Valentine ou Julien Blanc ? L’expérience et l’indiscipline ou la jeunesse et la vivacité ? Le choix est coriace tant la roublardise de l’Australien semble primordiale en match, pour le groupe ainsi que pour user l’adversaire. Mais avec le risque que son agressivité le déserve (deux cartons jaune et un carton rouge récolté depuis le début de la saison). Face à lui, le jeune Blanc (24 ans) vient clairement bousculer la hiérarchie. Auteur de prestations abouties depuis le début de la saison, l’ancien Oyomen a pris part à dix des onze rencontres des Rouge et Bleu (il n’est pas rentré contre Colomiers). Preuve de la confiance accordée au numéro 9. Finalement, ne serait-ce pas un début de transition, le contrat de son concurrent se terminant à l’issue de la saison ?
DEMI FINALE OU RELÉGATION ?
Une fin de saison où le nom de l’AS Béziers Hérault sera espéré loin de la zone rouge avec un redressement similaire à celui de Mont-de-Marsan ou Biarritz. Après avoir végété entre la 12e et 9e place durant une grande partie de la saison, les Landais, 11e au soir de la 19e journée de championnat, vont alors enchaîner neuf succès et un nul sur les onze derniers matchs. De quoi les qualifier in-extremis en demi-finale. Mais ils partaient d’un peu moins loin que les Biterrois. Ces derniers pourront aussi prendre exemple sur les Biarrots, 13e après la 11e journée la saison passée. Les Basques se sont réveillés entre mi-février et mi-mars, avec quatre succès de rang (deux à domicile, deux à l’extérieur). De quoi leur donner un bol d’air frais, avant de terminer en roue libre (8e), assurant les victoires à Aguilera. Bref, pour repartir de l’avant, Béziers devra gagner. Mais Béziers devra surtout enchaîner. Et pourquoi pas sur les quatre prochains matchs où l’ASBH défiera Bourgoin et le BO à La Méditerranée, et se déplacera à Vannes et Dax. Histoire de passer les fêtes au chaud. Ce ne serait pas de trop. Mais il y a une statistique que l’on ne voulait pas montrer. Mais il faut tout de même en avoir connaissance… Mais cela ne demande qu’à être démenti.
Maxime GIL